Rossini est à l’honneur au Théâtre du Capitole ce vendredi 24 mai, à 20h, et ce, avec un petit bijou intitulé Petite Messe Solennelle. Elle est interprétée par le Chœur du Capitole placé sous la direction de leur chef Alfonso Caiani, avec quatre solistes, Nino Pavlenichvili au piano et Emmanuel Pelaprat à l’harmonium.
Les quatre solistes sont, la soprano Anaïs Constans, la mezzo-soprano Eve-Maud Hubeaux, le ténor Atallan Ayan et la basse Alexandre Duhamel. La soprano française sera courant saison prochaine Blanche de la Force dans le Dialogue des Carmélites au Capitole. Quant à la mezzo suisse, elle vient de participer à la tournée du Requiem de Verdi avec MusicÆterna sous la direction du “terrifiant“ ! Teodor Currentzis. Le ténor brésilien a débuté cette saison avec Rodolfo au Teatro Colón, suivi d’un Alfredo au Festival de Munich. Membre de la troupe reliée à l’opéra de Stuttgart, il y a interprété bien de titres du répertoire habituel. Le baryton français,lui aussi, a déjà de nombreux rôles à son actif, tant dans le lyrique qu’en concert ou récital de mélodies.
Le concert nous donne la version à entendre la plus dépouillée puisque celle avec les chœurs, les quatre solistes et seuls instruments, un piano et un harmonium, version correspondant à la version écrite en 1863, à 71 ans.
La partition est divisée en deux parties équilibrées, chacune d’environ 35 minutes et sept numéros. D’un bout à l’autre, autant le Stabat Mater pouvait être impétueux et passionné, autant ici ce n’est que délicatesse et intimité. Les nuances dépassent rarement le piano. Par contre, on lit de nombreux double ou triple et même quadruple piano. Les nuances forte en sont d’autant plus marquantes alors.
Première partie :
1. Kyrie-Christie – 2. Gloria – 3. Gratias – 4. Domine Deus – 5.Qui Tollis – 6. Quoniam – 7. Cum Sancto Spirito
Deuxième partie :
8. Credo – 9. Crucifixus – 10. Et Resurrexit – 11. Preludio religioso – 11bis. Ritornello – 12. Sanctus – 13. O salutaris – 14. Agnus Dei.
Après avoir composé un Gloria et un Stabat Mater, Rossini lui-même désigne la Petite Messe comme « le dernier péché mortel de {sa} vieillesse ». « solennelle » car, effectivement, les rythmes de marche, les tempos majestueux y abondent. Mais ces marches sont inondées d’une lumière ensoleillée, une lumière de sous-bois printanier qui tantôt perce timidement à travers les feuilles, tantôt éclate brutalement de sa jeune ardeur, à la faveur d’une clairière.
« Petite » dit l’intitulé, sûrement un clin d’œil du compositeur car c’est une œuvre qui dure tout de même près d’une heure et demie, avec un enchevêtrement de genres dans l’écriture qui n’a rien de simple. Petite tout de même par l’effectif. Il y aura une version première dite originale qui faisait appel à des castrats et qui par conséquent n’a jamais été donnée en public, Rossini revoyant lui-même l’orchestration avant sa mort qui fera que, la version définitive, il n’aura pas loisir de l’entendre exécutée. Les deux seront éditées après sa mort.
L’ouvrage constitue véritablement son testament musical, puisqu’après celle-ci, on ne relèvera que des petites pièces comme les Péchés de vieillesse. Le personnage est resté très facétieux tout au long d’une vie relativement longue en son temps. N’oublions pas qu’il a bien voulu naître un 29 février d’une année bissextile, 1792. Dans cette Messe, il y a mis un peu comme ses dernières forces et toute sa science, toute sa ferveur, son enthousiasme et, diront certains, son audace. Derrière la simplicité de ses formes, la modestie de son effectif, la clarté de sa facture, cette Messe recèle une hardiesse et une subtilité très nouvelle chez le compositeur. Ce dernier jette un regard mélancolique vers le passé tout en tendant la main vers la modernité, résolument.
Billetterie en Ligne du Théâtre du Capitole
Théâtre du Capitole
Petite Messe Solennelle • Gioacchino Rossini
Choeur du Capitole • vendredi 24 mai 2019 (20h00)