L’Ouverture du Freischütz, opéra de Weber sera suivi du Premier Concerto pour piano et orchestre de Beethoven interprété par le jeune pianiste suisse Louis Schwizgebel, avec à la direction de l’Orchestre National du Capitole, la génération montante des chefs d’orchestre, l’anglais Ben Gernon. Le concert se poursuit avec la Symphonie n°2 de Brahms. C’est à la Halle, le samedi 18 mai, à 20h.
Ouverture du Freischütz (littéralement : Le Franc-tireur). Né en 1786, Carl Maria von Weber, qualifié de grand “stimulateur“ de son siècle sur le plan musical, est bien le chef de l’École de ce préromantisme allemand, univers au sein duquel son génie brille, « simplement vrai, fièrement original, ennemi des formules » (Berlioz), avant un Schumann ou un Wagner. Ses ouvertures d’opéra sont telles qu’elles constituent très souvent la première œuvre exécutée dans un concert. Il en est ainsi pour Obéron, Euryanthe et bien sûr, Le Freischütz.
Ce dernier fut composé entre 1817 et 1821, et créé à Berlin cette année-là. Tous les thèmes de l’Ouverture sont tirés de l’opéra. Le compositeur a écrit une page véritablement symphonique, admirable de couleur, de mouvement et d’intensité dramatique où se retrouvent, action, évolution de situations, des sentiments, des passions. Jusqu’à présent, aucun ouvrage symphonique n’avait résumé avec autant de puissance d’expression un opéra entier. Les thèmes s’enchaînent avec un naturel confondant. Côté instrumental, certains ont un rôle pictural ou dramatique évident. Ainsi, les cors, c’est la forêt et son mystère, la clarinette, les sentiments du héros, Max, mais aussi la pureté d’Agathe, la bien-aimée. Quant aux timbales, c’est le caractère fantastique de Samiel, personnage démoniaque.
C’est très probablement, fin 1795, début 1796 que Ludwig van Beethoven entreprend la composition de ce Concerto qui, malgré la désignation de “premier“ devrait être le deuxième des cinq Concertos. En effet, le Concerto n°2 en si bémol voit le jour avant mais il est édité plus tardivement, d’où cette inversion de numérotation. D’autre part, on ne s’est pas mis d’accord sur la date de sa création mais il semble que la première audition soit associée, ou du moins très proche, de celle de la Première Symphonie, en avril 1800. L’édition originale de mars 1801 porte le titre de “Grand concert pour le forte-piano avec deux violons, deux… », un orchestre au complet avec clarinettes, trompettes et timbales, instruments absents dans le Concerto n°2 !
Ce Concerto s’inscrit encore dans la lignée mozartienne mais révèle déjà le style des œuvres à venir. Entre 1795 et 1800, l’activité du musicien peut être qualifiée d’intense, de nombreuses tournées l’amenant en Tchécoslovaquie, Allemagne, Autriche, ce qui nous laisse toujours rêveur quand on songe aux moyens de locomotion disponibles alors. Cela ne semble pas compromettre, au contraire, une extraordinaire puissance de travail à laquelle on doit une abondance d’œuvres très accomplies et déjà marquées par le sceau d’un génie qui ne cesse de se développer et qui touche le plus souvent à l’épanouissement le plus absolu : Sonate Pathétique, trois Trios, Septuor op 20, six Quatuors à cordes….
Beethoven avait-il pris conscience de la valeur de ses partitions ? Paradoxalement, il exprime, d’une part, un doute au sujet de ce Concerto en ut qui « n’appartient pas encore à mes meilleurs dans le genre » écrit-il plus tard et, d’autre part en évoquant l’énorme capacité de production de cette période. « Je vis au milieu de musique, à peine ceci est-il là que je commence autre chose ; à la manière dont je compose maintenant, je fais souvent trois ou quatre choses à la fois. » Et il conforte son ambition. « Mon génie doit triompher, il ne doit plus rien rester à faire. »
Dédié à la princesse Odescalchi, une de ses jeunes élèves, ce Concerto, pour lequel Beethoven a composé trois cadences différentes, est écrit en trois mouvements, classiquement : Allegro con brio – Largo – Rondo : Allegro scherzando. Dès le premier mouvement, on remarquera le rôle éclatant donné au soliste, débordant d’énergie rythmique. Et c’est surtout vers la fin de cet Allegro, dans la grande cadence au piano que l’élément d’improvisation spontanée se fait le plus évident, une cadence qui se prolonge de façon presqu’obsessionnelle et ce n’est qu’après un doux accord final en arpèges que l’orchestre fait enfin une irruption tonitruante. De par son caractère et son énergie rythmique, le rondo final, plein de verve et de brio, peut vous faire penser aux finales de certaines des Symphonies “londoniennes“ de Haydn, en songeant que le qualificatif de “scherzando“ signifie “ en plaisantant, en badinant“ en voulant souligner l’intention humoristique du musicien. Il fait suite à un Largo, mouvement le plus long des cinq concertos, constituant le sommet émotionnel de l’œuvre où s’exprime une tendresse toute mozartienne.
Symphonie n°2 en ré majeur, op. 73. Elle fut écrite au cours de l’été-automne 1877 et créée le 30 décembre à Vienne sous la direction de Hans Richter à la tête du Philharmonique de Vienne. Elle est en quatre mouvements, et suivant son exécution, sa durée totale peut varier entre 41 et 47 minutes.
I. Allegro non troppo
II. Adagio non troppo – L’istesso tempo, ma grazioso
III. Allegretto grazioso – Quasi andantino – Presto ma non assai
IV. Allegro con spirito
C’est véritablement avec cette Seconde Symphonie que Brahms remporte des triomphes comme compositeur de symphonies. Le lieu « enchanteur » où il s’est réfugié pour écrire sa partition – la Carinthie en Autriche – va rejaillir favorablement sur son inspiration. Baignant dans un climat serein, la symphonie dégage fraîcheur et gaieté contrairement à la précédente. Bien plus légère et insouciante, elle correspond à un épisode de sa vie parmi les plus heureux. Il écrit une sorte de symphonie pastorale, inspirée par un profond sentiment vis à vis de la nature, et un sentiment de sérénité qui transparait tout au long des quatre mouvements. L’orchestre est paradoxalement le plus chargé des quatre symphonies avec une participation importante des cuivres. Et, en même temps, le climat général de cette composition se reflète dans son instrumentation bien plus délicate, transparente et éclatante que celle de la Première. Flûtes, hautbois et clarinettes vont jouer un très grand rôle surtout les dernières. Trombones et tuba ne sont pas oubliés pour autant pendant que les cors ont toutes les faveurs du compositeur.
Billetterie en Ligne de l’Orchestre National du Capitole
Orchestre National du Capitole
Ben Gernon (direction) • Louis Schwizgebel (piano)
samedi 18 mai 2019 • Halle aux Grains (20h00)