Deux sœurs est le récit d’ une séparation : Mathilde, professeure de lettres férue de Flaubert, apprend de la bouche d’Etienne qu’il la quitte pour retrouver son ex compagne, Iris, de retour d’Australie après cinq ans d’absence. Mise à pied pour avoir giflé un de ses élèves, elle est recueillie par sa sœur, Agathe, dans le petit appartement qu’elle occupe avec son mari et leur fille. Le roman raconte la cohabitation risquée et indigeste des soeurs et l’impressionnante métamorphose de Mathilde.
Je dois dire, pour commencer, que j’ai lu ce roman avec foi et empressement en dépit des critiques entendues sur l’émission « Le Masque & La Plume » sur France Inter notamment. Je n’aime franchement pas rejoindre le clan des détracteurs, surtout lorsqu’il s’agit de l’un de mes auteurs préférés, mais là … que dire ? Deux Soeurs me met le moral littéraire à zéro ! Dire que c’est nul serait bien exagéré car il y a toujours du bon dans le moins bon, mais n’est-ce pas davantage un scénario qu’un roman ? Ne manque-t-il pas le nerf de la guerre du coup, le style Foenkinos ?
L’écriture est simple, TROP simple, si bien que le maître de l’émotion me paraît las ou trop pressé d’en finir pour s’attaquer au film dare dare ! L’histoire est bonne, certes, la séparation, l’abandon, la reconstruction, le thème de la rupture amoureuse et l’intrigue est savoureuse mais au milieu … pas de milieu … du vent ! Collection Blanche de Gallimard, Deux soeurs, mais pourquoi donc ?
Les personnages sont clichés à souhait : Mathilde, professeure de Lettres dévouée à ses élèves et passionnée par Flaubert ou sa soeur, Agathe, double jovial et inculte, balancée pour la félicité et la facilité. Des petits chapitres, des tout petits chapitres, quelques lignes parfois, qu’on aurait envie de raccommoder par la pensée pour étoffer l’univers intérieur des personnages. Ils le méritent tellement !
Heureusement, Foenkinos nous ménage quelques bonnes phrases sur le ressenti qui rappelle ce qu’il sait faire de mieux : l’écriture de soi, l’écriture de l’autre, le décryptage des bouillonnements de l’humain.
On peut apprécier que l’auteur se risque à un registre plus noir et s’essaie au drame familial après les succès mérités de La Délicatesse ou de Charlotte mais on ne peut saluer que l’audace, pas l’effort !
Alors vraiment, à mon sens, Deux Soeurs manque de substance, quel dommage, David Foenkinos s’il vous plaît, regagnez vos pénates, chaussez vos petites lunettes d’écrivain et installez-vous à votre bureau, on vous attend ! Mais ne vous hâtez pas trop, l’écriture est un long processus, il s’agirait de ne pas l’oublier !