Raoul Taburin, un film de Pierre Godeau
Pour son troisième long, à 32 ans chapeau !, Pierre Godeau se lance dans un challenge risqué, celui de l’adaptation sur grand écran d’une BD, qui plus est signée Sempé.
En toute simplicité. Il nous conte, au sens propre du terme, l’histoire, à trois étapes de sa vie, de Raoul Taburin, fils du facteur de Saint-Céron, village drômois. Nous le découvrons minot (Timi-Joy Marbot), s’exerçant en vain à faire du vélo sans les petites roulettes. Peine perdue, le sort qui l’accable lui enlève tout sens de l’équilibre dès qu’il est sur deux roues.
Le temps passe, Raoul est un jeune-homme (Victor Assié, épatant) cachant toujours ce lourd secret. Mais, pas rancunière, la nature lui a confié un don, celui d’avoir l’oreille absolue pour déceler le moindre défaut sur un vélo. Raoul est donc devenu un virtuose de la réparation de cycles. Le temps continue de passer, voici Raoul largement adulte (Benoît Poelvoorde), toujours dans son petit village, en proie à une peur panique. Hervé, un photographe parisien (Edouard Baer en roue libre…) vient de s’y installer pour quelque temps afin de réaliser un reportage photo sur les habitants de Saint-Céron. Il sympathise avec Raoul et, bien sûr, lui demande de se prêter au jeu. Il veut donc l’immortaliser sur un vélo en pleine descente. Le drame éclate. Entre humour et émotion, le film chemine dans les collines « pagnolesques » de la région, au rythme lent d’une action qui finalement est mince comme un fil. Sur le thème de la filiation le réalisateur offre à cet admirateur inconditionnel de Sempé qu’est le comédien belge, un rôle en or qu’il porte haut. Agréable, charmant. Sans plus.
Robert Pénavayre