En compagnie de Léonard
Alain Monnier (1)
C’est au détour d’une impasse, au cœur d’un paisible quartier du centre de Toulouse que l’on découvre le domicile d’Alain Monnier. Niché au deuxième étage, sous le toit d’une petite maison, l’espace de travail de ce natif de Narbonne respire le bois et la tranquillité.
C’est une pièce baignée de lumière qui accueille le bureau où officie l’écrivain, simple et modeste à l’image de l’ordinateur portable qui y préside, point cardinal du lieu.
Depuis qu’il n’est plus en charge d’une activité professionnelle chronophage, l’auteur Flammarion se consacre maintenant entièrement à l’écriture, et c’est non seulement un bureau mais plusieurs tables, accouplées, qui forment son espace de travail. Séparées par de petits espaces réguliers, des piles A4 sont soigneusement alignées sur les tables de bois. Elles contiennent les projets en cours, plans de futurs travaux qui dépassent d’ailleurs le cadre de la littérature. Le cinéma vient s’immiscer dans les aventures de Parpot, son personnage qui court sur quatre de ses romans, à travers une future adaptation. Une autre proposition concerne « Je vous raconterai », le réalisateur belge Bernard Declercq (Méprises, Control X) y travaille actuellement.
La bibliothèque occupe une place de choix, elle court du sol au plafond et ses étagères regorgent d’ouvrages, ceux qui inspirent le papa de Parpot, et de nombreux autres, plus ou moins classés par collection, par éditeur ou simplement en vrac. Quelques tableaux aux murs – j’y reconnais Franciam Charlot , un artiste local – et une toute petite toile qui a été reproduite pour la couverture de « Côté jardin » un de ses précédents romans. Au sol, une corbeille à papier des années 50, rendue quasi obsolète à cette époque où les traitements de texte règnent en maîtres, et deux fauteuils en cuir rouge occupent le plancher, témoignages d’une transmission paternelle.
A portée de main, une chaine hifi garnie de cd, indique que le romancier aime travailler en musique. Il en écoute régulièrement en écrivant, toujours le même disque, de Léonard Cohen. Il peut y avoir des exceptions dans certains cas, comme quand il commence un nouveau livre ; sinon, c’est la voix du chanteur canadien qui guide sa plume quotidiennement, au point de se faire oublier à force d’écoutes et de n’être plus qu’un motif sonore répétitif, qui le conditionne inconsciemment dans la progression de son ouvrage.
Comme en écho à cette chronique traitant des lieux de création et de leurs occupants, son dernier ouvrage « L’esprit des lieux » entraine ses lecteurs dans des endroits qui l’ont particulièrement touché. Il leur fait partager l’expérience à la fois singulière et qui appartient à tous, de la confrontation avec les temps passés et la grande histoire.
Texte et photographies de Jean-Jacques Ader
Alain Monnier sera à la librairie Ombres Blanches à Toulouse le 26 Avril à 18h pour une rencontre autour de la sortie de son nouveau livre « L’esprit des lieux » éd. Climats