Grégoire Delacourt vient de publier chez J.C Lattès, Mon Père. Un récit dérangeant et atrocement d’actualité.
Le roman commence fort. Un homme entre dans une église et ravage tout. Pourquoi un tel excès de violence ? Le lecteur l’apprendra vite. L’homme en colère, Edouard, est un père de famille qui cherche le prêtre qui a abusé de son fils. Un viol qui a plongé le jeune garçon dans le silence, pire, un acte infâme qui brisera toute sa vie. Alors Edouard veut briser l’être ignoble qui a commis un tel acte. Un religieux en qui il avait confiance. Puis Edouard tombe nez à nez avec le prêtre. La violence resurgit. Est-ce lui le bourreau de son fils ? Est-ce lui qui a brisé l’équilibre d’une famille ?
Un huit clos sous haute tension
Impossible de se détourner des pages qui vont suivre. Des récits du passé aux aveux effroyables. On découvre la vie d’Edouard, un homme élevé dans la foi chrétienne, une mère pieuse à l’excès, un père disparu trop tôt, puis il se marie avec une fille exquise, ils ont un enfant, ils se séparent, ils continuent d’aimer leur fils, à le protéger, et pourtant, ils ne pourront pas lui empêcher de vivre le pire des cauchemars. Le père veut comprendre pourquoi, pourquoi lui, pourquoi son fils, pourquoi cette faiblesse, pourquoi ces abus, pourquoi l’horreur absolu ? Il trouvera peut-être des réponses, peut-être ne seront-elles pas celles qu’il attend, mais il devra se contenter de cela.
Grégoire Delacourt crée de la gêne, de la stupeur, du dégoût, il montre, il raconte des choses que l’on ne peut ni concevoir, ni entendre, mais il va jusqu’au bout, il décrit, il dit, et cela sans pathos inutile ou voyeurisme indécent, il sait se tenir à une distance suffisamment noble pour que son récit soit audible et suscite une émotion juste. Il fallait beaucoup de pudeur et de courage pour s’attaquer à un sujet aussi violent et – hélas – aussi d’actualité. Malgré tout, le texte est puissant, beau, et ne laissera certainement pas insensible.
Grégoire Delacourt, Mon Père, J.C Lattès, 220 p.
Photo : Grégoire Delacourt © Emmanuelle Hauquel