Mon Bébé, un film de Lisa Azuelos
La dernière-née de la famille lève le camp pour le Canada, études obligent. C’est un séisme pour la maman et une formidable plongée au cœur des liens familiaux.
Héloïse a quitté son mari pour cause d’infidélité, restant en charge de la nichée : Théo, Lola et Jade. Le temps a passé, bien finalement dans ce milieu bobo plutôt à l’aise. Petit à petit chacun a déserté le nid, à son tour. Voici à présent celui de Jade. Son admission dans une grande université canadienne va l’emmener Outre-Atlantique, au grand désespoir d’Héloïse qui, du coup, passe son temps à la filmer afin d’en garder des images précieuses.
Héloïse ne peut éviter de revivre, et nous avec, les moments heureux qui lui permettaient, en leurs jeunes années, d’avoir dans son giron tous ses petits, Que pour elle, bien à elle. Nous devinons Héloïse dans une quarantaine bien sonnée et pour elle aussi, à titre personnel, l’heure des bilans commence. Elle vit d’aventures sans lendemains auxquelles elle ne donne aucune importance d’ailleurs, juste manière d’exister. Et elle n’a pas de problème car elle est craquante Héloïse, pas compliquée du tout avec ses amants d’une nuit. C’est tout cela que nous raconte avec une verve incroyable conjuguant de manière virtuose humour et émotion la réalisatrice de Dalida en 2017. Il serait facile de dire que Sandrine Kiberlain tient le film sur ses épaules, parce que tout simplement c’est vrai. Mais ce serait par trop réducteur. Les seconds rôles sont au cordeau, même pour de furtives apparitions : Patrick Chesnais qui, en deux mots et un regard, nous dit tout son personnage, Arnaud Valois, amant de passage mais qui sait nous fait comprendre combien Héloïse a de charmes, Yvan Attal en paternel fuyard et pas net, Victor Belmondo (le petit-fils de), c’est lui Théo, jaloux de sa sœur comme un tigre, d’autant que celle-ci, Jade (Thaïs Alessandrin, la fille de la réalisatrice) est tombée, voire plus, amoureuse de son meilleur ami Louis (Mickael Lumière). Quant à Lola (Camille Claris), elle se demande si sa petite-sœur n’était pas la préférée. Air connu… Mais reconnaissons que Sandrine Kiberlain fait encore une fois ici, après l’hilarant 9 mois ferme d’Albert Dupontel en 2014, une démonstration éblouissante de son talent comique, voire burlesque, avec une énergie dévastatrice. La puissante relation fusionnelle d’Héloïse et ses enfants aurait bien besoin de passer au tamis du poème de Khalil Gibran commençant sur ces mots : « Vos enfants ne sont pas vos enfants ». Mais ceci est une autre histoire…
Robert Pénavayre
Mon Bébé – Réalisatrice : Lisa Azuelos – Avec : Sandrine Kiberlain, Thaïs Alessandrin, Victor Belmondo…
Sandrine Kiberlain – 60 films en 30 ans de carrière… Et ce n’est pas fini !
Depuis plus de trente ans, cette Parisienne bon teint, aujourd’hui à l’aube de la cinquantaine, a tourné dans près de 60 longs-métrages ! Ce qui peut représenter un danger de saturation pour le public, c’est sûr. César de la Meilleure actrice en 2014 (9 mois ferme d’Albert Dupontel), celle qui, toute jeune adorait déjà faire rire, se précipite bac en poche au Cours Florent, puis, dans la foulée, au Conservatoire. C’est le début d’une carrière incroyable dans laquelle la comédienne excelle autant dans la comédie que dans le drame.