La première édition des Musicales Franco-Russes a pris fin. Je souhaite en faire un bilan tant j’ai trouvé cette période faste et incroyablement riche en émotions. Je n’ai pas pu assister à tout ce qui m’a attiré en particulier la partie cinéma. Ni aller à tous les concerts, mais ceux auxquels j’ai assisté sont inoubliables. D’abord le merveilleux duo de chambre Bertrand Chamayou et Sol Gabetta. Il apparait malgré sa beauté comme assez sage et mesuré face à la suite mais ouvrait en douceur ces Musicales par la délicatesse des deux musiciens amis.
Tout cela est beau, émouvant, mais lorsque la troupe du Bolchoï est arrivé plus rien n’a été comme avant. Nous savions avec la Pucelle d’ Orléans de Tchaïkovski comme Tugan Sokhiev peut galvaniser ses troupes. Le concert l’an dernier avait été éblouissant avec la découverte de celle qui reviendrait au Capitole en Brunehilde du siècle : la Smirnova.
Les trois concerts des forces du Bolchoi qui ont pu venir en résidence sur l’invitation des Grands Interprètes, resteront dans les mémoires comme un phare. Car c’est facile de le dire une fois les choses réalisées et que le succès a été au rendez vous. Pourtant il a fallu oser inviter une équipe aussi nombreuse ( plus de 200 musiciens et chanteurs) et remplir trois soirs de suite la vaste Halle-au-Grains. Sur des programmes exigeants et difficiles, amenant le public à dépasser sa zone de confort du répertoire. Combien de petits esprits refusent de venir à une version de concert d’un opéra ? Pauvres âmes , bien faibles et étriquées qui ont ainsi raté deux moment d’opéra parmi les plus forts que j’ai vécu de ma vie de fou d’opéra ! Heureux les spectateurs qui ont osé écouter ces merveilleux concerts trois soirs de suite, parfois en faisant de la route, travaillant le lendemain ! Le bonheur se choisi et se mérite, en dépassant ses propres mesquineries.
Qui osera prétendre que la scène a manqué à la Dame de Pique ou Ivan le Terrible? Tugan Sokhiev et la troupe du Bolchoï ont été magnifiques d’engagement dramatique et porteurs d’ un véritable idéal sonore permanent. Les prises de son de France-Musique le confirmeront. La version de la Dame de Pique deviendra une version historique au sommet de la discographie.
Tant de beauté , de drame musicaux et d’émotions variées en trois soirs ! Seul un pays de la taille de la vaste Russie peut construire une troupe de cette qualité. Le Chœur du Bolchoï est le plus beau du monde. Le concert A capella a été de la pure magie. Un grand chœur , un très grand chœur qui a fait battre bien des cœurs. Les solistes des deux opéras sont tous issus de la troupe du Bolchoï. Tous ont été magnifiques avec des voix absolument fabuleuses dans les rôle titres. Et les musiciens de l’orchestre, disciplinés et engagés comme peu le sont ont donné leur vie pour ce chef. Et Tugan Sokhiev, heureux, gourmand, impérial et généreux ! Il a été en véritable extase lors du final de la Dame de Pique.
Après ces trois concerts à Toulouse les forces Russes ont volé vers Paris pour deux concerts. Le choix d’Ivan la terrible pour Paris a privé la capitale d’une Dame de Pique inoubliable, mais comment résister à ce chef d’ œuvre méconnu, cet Ivan le Terrible, premier opéra de Rimski-Korsakov ?
lien pour l’écouter sur France Musique
Et le lendemain toujours à la Philharmonie le même éclatant succès voir la chronique de notre confrère ici.
Tous mes compte rendus sont détaillés sur Classiquenews. com. , mais je tenais à faire cette synthèse pour Culture31.
La première Musicale Franco-Russe née du désir de Tugan Sokhiev, de sa vision, a entrainé tout sur son passage ne peut que se développer. Et les tristes sires qui semblent prédir, et se réjouir du départ cruel et inévitable de Tugan Sokhiev de Toulouse, vont devoir se rendre à l’évidence. Toulouse gardera ne serait ce que par ces Musicales Franco-Russes une amitié indéfectible avec le grand, l’immense Maestro Tugan Sokhiev. Non seulement immense musicien mais organisateur de transmission et de généreux partage international de beauté. Car le bonheur du public toulousain a été très perceptible comme celui des choristes, chanteurs et musiciens russes. Il s’agit d’ une vraie amitié musicale entre les peuples, bien plus forte que les querelles politiques. La Passion en partage, voila les maitre-mots de ces Musicales Frano-Russes 2019.
Hubert Stoecklin chroniqueur comblé et heureux de pouvoir rendre compte de ces merveilles.