Personne n’a peur des gens qui sourient, publié chez Flammarion, est le dixième roman de Véronique Ovaldé. Une histoire entre polar et conte qui emballe dès les premières phrases.
Pas de détours inutiles avec Véronique Ovaldé. On entre in medias res dans la vie de Gloria. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est mouvementée. Cette mère de deux filles est agitée, elle doit faire ses valises, et vite. Il faut fuir. On ne sait pas quoi, mais on sent que c’est primordial. Après avoir embarqué quelques babioles, Gloria récupère ses filles à l’école et elle prend la route. Loulou, la plus jeune, trouve tout cela normal voire amusant. Pour Stella, adolescente en rupture, c’est une autre affaire. Elle ne comprend pas sa mère, elle n’accepte pas de tout quitter sans explication. Et pourtant il faudra faire avec.
Ne pas regarder en arrière
Gloria pénètre dans une forêt. Là-bas, une maison, celle de ses parents disparus. Ici, elles seront en sécurité. En tout cas, elle l’espère. Personne à proximité, à l’exception d’un voisin sauvage et solitaire. La nature comme refuge et apaisement. Car Gloria a besoin de respirer. De poser les choses. A commencer par son passé. A la mort de son père, Gloria est confié à un ami, Tonton Gio. Protecteur et rassurant, il sera toujours un fidèle allié. Y compris lorsque Gloria tombe amoureuse de Samuel, une petite frappe. Tonton Gio n’a pas d’autres options que se plier au choix de la jeune fille. Avec Samuel, c’est d’abord la passion, la vie excitante, puis ça devient autre chose, une routine, pire une lassitude. Puis, du jour au lendemain, il n’y a plus de Samuel. On ne sait pas trop pourquoi.
Un autre personnage entre alors en scène, Santini, un avocat corse pas très net. Il est le garant de l’héritage conséquent de Gloria. Il devient le second confident, la bonne conscience. Gloria semble bien entourée et cependant la voilà en fuite. Pourquoi ? Quelle pièce manque-t-il au puzzle pour comprendre ce qui se trame.
Et c’est là tout l’art de Véronique Ovaldé qui, au fil des pages, excite notre curiosité, éveille des hypothèses, des certitudes, puis des doutes. La tension est très bien menée de bout en bout comme dans un excellent polar. Il faudra être patient pour déceler le vrai du faux, le clair et l’obscur. Et lorsque la vérité apparaît, on écarquille les yeux devant ce texte qui tient en haleine jusqu’au dernier mot.
Véronique Ovaldé, Personne n’a peur des gens qui sourient, Flammarion, 270 p.
Photo : Véronique Ovaldé © Jean-Luc Bertini