La Pskovitaine de Nicolai A. Rimski-Korsakov ou l’Ivan le Terrible de Féodor Chaliapine sera donné en version concert à la Halle à 20h, le vendredi 15 mars 2019 dans le cadre du Cycle Grands Interprètes mais aussi des Musicales Franco-russes.
L’ouvrage en trois actes est dirigé par Tugan Sokhiev à la tête des troupes du Bolchoï soit, l’Orchestre et Choeur du Théâtre Bolchoï de Russie et la distribution suivante :
Stanislav Trofimov basse Ivan le Terrible
Denis Makarov basse Prince Youri Ivanovitch Tokmakov
Ilya Selivanov ténor Mikhaïl Andreïevitch Toutcha
Dinara Alieva soprano Olga Yourievna Tokmakova princesse
Ivan Maximeyko ténor Boyard Nikita Matouta / Voix de garde
Nikolay Kazanskiy basse Prince Afanasy Vyazemsky /
Aleksander Borodin basse Bomelius médecin du tsar
Anna Bondarevskaya soprano Stepanida Matouta amie d’Olga
Elena Manistina contralto Vlassievna une nourrice
Svetlana Shilova contralto Perfilievna une nourrice
L’opéra est en trois actes et six tableaux. La troisième version est créée le 6 avril 1895, la toute première le 1er janvier 1873, accueillie plutôt fraîchement par le public, le compositeur exprimant pour sa part d’amers regrets, jugeant son ouvrage riche d’idées mais pauvre techniquement. Au bilan, la gestation fut particulièrement longue et difficile, le compositeur rajoutant même un prologue créé séparément en 1898, estimant de lui-même l’action assez peu crédible. La version habituellement donnée, bien rarement cependant, est celle présentée ce concert. Les premières représentations françaises furent données à Paris en 1909 au Théâtre du Châtelet. Cela correspondait à l’une des premières tournées des Ballets russes pouvant donner des spectacles de ballets et des opéras, troupes menées par le dénommé Serge de Diaghilev. Mais aussi, ce fut en même temps, la “naissance d’“Ivan le Terrible“, nouvelle dénomination de l’opéra de Rimski-Korsakov, rebaptisé ainsi pour servir et mettre en valeur l’écrasante personnalité vocale d’un certain Féodor Chaliapine. L’événement eut lieu le 24 mai 1909. Par ce fait, l’opéra devint « l’opéra du tsar », reléguant au second plan tout le côté drame purement amoureux. La fragile Olga se trouve ainsi “étouffée“ par la démesure de son intraitable et démoniaque père, la silhouette sauvage et patricienne d’Ivan le Terrible, tsar à …16 ans, mais héritier du trône à 3, planant sur tout le drame, de sa lente introduction à sa conclusion frénétique. Imitant d’anciens chants orthodoxes, l’orchestration massive dévoile toute la puissance du tsar.
Acte I, Premier tableau : Pskov, en l’an 1570. Un soir d’été. L’action se déroule dans un jardin près de la maison du prince Yuri Tokmakoff, le gouverneur royal de Pskov.
Deuxième tableau : La nuit. L’effrayante nouvelle est annoncée : le tsar Ivan le terrible avec ses opritchniki s’approche de Pskov.
Acte II, premier tableau : L’action se passe devant la maison du prince Yuri Tokmakoff. Le peuple est parti à la rencontre du souverain, annoncé par le carillon.
Deuxième tableau : Dans une pièce de la maison du prince, tout est prêt pour la réception de l’hôte éminent. C’est à ce moment-là qu’il va avoir la preuve que le sort l’a fait retrouver sa fille Olga et que, tel le signe de Dieu, il se doit de gracier Pskov la rebelle.
Acte III, premier tableau : La route vers le couvent de Petchersk qu’empruntent jeunes filles et nourrices pour aller prier. Elle traverse les forêts épaisses où Mikhaïl Toutcha le rebelle, et amant d’Olga s’est caché. Elle le rejoint et ils décident de rester ensemble. Mais, les serfs du vieil et illustre boyard Matouta à qui le prince avait promis Olga les débusquent et, amènent de force Olga après avoir blessé Toutcha.
Deuxième tableau : Quartier général du tsar au bord de la rivière, la nuit. Ivan est insomniaque. D’avoir retrouvé Olga, la fille de sa rencontre de jeunesse Vera, le perturbe. Un oprichnik survient qui vient d’arrêter Matouta. Colère oire du tsar. Ivan veut voir Olga. Elle relate les avanies de Matouta et demande la grâce de Toutcha. Ivan reste inflexible. Toutcha et ses hommes sont anéantis. Olga meurt d’une balle perdue. Ivan est inconsolable. Le peuple rassemblé pleure la mort d’Olga, la jeune pskovitaine, et pleure aussi la liberté perdue de la principauté de Pskov.
Quelques mots sur le compositeur, coloriste musical de génie, Nicolas Andréiévitch Rimski-Korsakov, né le 18 mars 1844, à Tikhvine, petite cité du gouvernement de Novgorod. Contrairement à un Debussy, par exemple, il fait partie de ces futurs grands musiciens qui présentaient des dispositions pour la musique pratiquement dès les premiers balbutiements. On dit qu’il savait, dès l’âge de deux ans, reconnaître les airs que sa chère mère pouvait lui chanter, penchée sur son berceau. À quatre, son père jouant du piano dans une pièce, il pouvait battre la mesure sur son tambour d’enfant dans la pièce voisine. À cinq, on lui apprend à identifier les sept notes de la gamme, et il distingue d’oreille toutes les tonalités. À six, premières leçons de piano. Son professeur est vite dépassé. À onze, il compose son premier morceau de musique……À douze, il entre à l’Ecole des Cadets de la Flotte, à Saint-Pétersbourg, va au Théâtre et assiste à son premier opéra, Lucie de Lammermoor. Suivront quantités d’ouvrages, et surtout Ivan Soussanine de Glinka, auteur qui le passionne et devient son premier véritable amour en musique. N’oublions pas que Berlioz fut aussi un grand admirateur de Glinka et, autre coïncidence, Rimski et Berlioz écriront tous deux un Traité d’orchestration, chacun faisant référence. Puis, en tant que marin-aspirant Nicolai va partir pour trois ans sur les mers découvrir le monde, développant son goût du pittoresque que l’on retrouvera bien sûr dans Sadko, Schéhérazade, Tsar Zaltan. Retour à Pétersbourg.
1868, une longue excursion à travers les campagnes russes suggère l’idée à Rimski de composer un grand drame lyrique faisant revivre la Russie d’autrefois, l’antique Russie semi-asiatique des tsars et du servage : ainsi naquit Ivan le Terrible, fils du prince Ivan III qui entreprit de réaliser l’unité autour de lui après avoir soumis sans réserves les Tatars. Le mot fut repris par son fils Vassali III mais le projet ne devait aboutir que sous le règne de son propre fils Ivan IV dit le Terrible, qui réussit en 1547, à se faire sacrer « tsar de toutes les Russies ». Naquit plutôt alors La Pskovitaine d’après une tragédie de Mey relatant l’histoire de la révolte de la principauté de la ville de Pskov, mâtée par les forces de ce tsar, comme l’opéra vous le raconte, ou du moins nous le relate. Il lui faudra près de cinq ans de travail sur cette partition, et au total, près de vingt-cinq. Des pages grandioses, un souffle prodigieux, des récitatifs fulgurants, des thèmes de toute beauté, de quoi regretter que l’œuvre ne soit pas plus souvent représentée mais……
Pour ce qu’il en est de l’Orchestre et du Chœur du Théâtre Bolchoï de Russie, on consultera l’annonce de la soirée Dame de Pique de la veille, annonce parue dans Culture31 tout récemment.
Billetterie en Ligne des Grands Interprètes
Les Grands Interprètes
Orchestre et choeur du Théâtre Bolchoï de Russie • Tugan Sokhiev (direction)
Halle aux Grains • vendredi 15 mars 2019 (20h00)