Yoann Bourgeois présente à Odyssud son nouveau spectacle : Scala. Dans cette pièce onirique, les corps flottent en suspension et défient la gravité.
Danseur et circassien, Yoann Bourgeois a imaginé sa dernière pièce spécialement pour l’ouverture du tout nouveau théâtre parisien baptisé La Scala, inauguré en septembre dernier. A l’origine, la salle de spectacle devait son nom – Le Concert de La Scala – à l’admiration de sa créatrice, Marie-Reine Roisin, pour la Scala de Milan. « Scala » en italien signifie aussi « escalier », pièce centrale du décor élaboré par Yoann Bourgeois.
A la recherche du point de suspension
Autour de cet escalier un intérieur bleu-gris recelant trappes et trampolines où les acrobates défient les lois de la physique, prenant leur envol, flottant quelques secondes dans les airs avant de chuter et de se jeter à nouveau dans le vide. Fidèle à ses obsessions, Yoann Bourgeois s’obstine dans sa quête du point de suspension qu’il considère comme « le point idéal » et poursuit son travail sur la gravité. On retrouve dans Scala des dispositifs déjà mis en place dans ces précédents spectacles : l’escalier mais aussi les chaises qui s’écroulent sans crier gare, grâce à des systèmes mécaniques comparables à ceux des « wakouwas », ces jouets de bois qui se désarticulent lorsqu’on presse sur le bouton poussoir. Comme par mimétisme les corps disloqués des personnages s’écroulent et se relèvent, aspirés par le décor, engloutis par le sol… Avant de réapparaître.
Un rêve introspectif
Disparition, apparition, effondrement et renaissance… Tout recommence à l’infini comme dans un rêve. Yoann Bourgeois restitue avec poésie et une certaine mélancolie les sensations et visions éprouvées pendant les rêves. De son propre aveu Scala est un « paysage mental », un moment d’introspection personnelle dans un espace soumis à des transformations irrationnelles où le temps semble distendu. Chutes et suspensions évoquent bouleversements et confrontation avec soi-même. Dans cette bulle hors du temps résonne la musique de Eels et la voix tourmentée de Thom Yorke entonne Daydreaming : un rêve éveillé.
Odyssud
Scala • Yoann Bourgeois
du 31 janvier au 02 février 2019