Actes Sud publie Et la mariée ferma la porte, une novella écrite par l’auteur israélite Ronit Matalon. Une tragi-comédie qui nous dit beaucoup de la tradition et la famille.
« Pas de mariage »
Ce texte ressemble à une pièce de théâtre, un vaudeville, avec une annonce qui tombe comme un coup de tonnerre « pas de mariage ». C’est Margui, la fiancée, qui l’annonce par trois fois avant de s’enfermer dans la chambre à coucher de ses parents. Autour d’elle, c’est la consternation. Puis le chaos. Personne ne comprend, personne ne sait que faire. Les personnages de cette tragédie à venir s’observent, se taisent puis parlent. Ils essaient de comprendre, que s’est-il passé ? Pourquoi Margui a-t-elle changé d’avis à quelques heures seulement de la cérémonie. A tour de rôle, la mère de la mariée, Nadia, les parents du marié, Perdine et Arié, cherchent des explications. Face à eux, un ex futur-marié, Matti, qui est en colère, puis triste, puis désemparé, puis lassée, puis compréhensif.
Le poids de la tradition
Ce qui rend insupportable cette situation, c’est que le mariage doit avoir lieu dans la journée. 500 invités sont attendus. Les parents des mariés, dans la pure tradition israélienne, ont organisé un mariage fastueux. Que va-t-on dire à tous ces gens, au photographe, aux organisateurs. On échafaude des plans, des hypothèses, mais tout reste sans réponse. L’interruption d’une psychologue en crise conjugale est drôle et réaliste. On espère une solution, on croit à une solution possible qui arriverait comme par magie. Un deus ex machina de dernière minute comme dans un scénario théâtral. Mais ce happy end tarde à venir et ne fait peut-être pas partie des solutions du quotidien.
L’adieu de Ronit Matalon
Ce texte court, vif, est d’autant plus intime et poignant lorsqu’on sait qu’il est le dernier hommage de Ronit Matalon. Considérée comme une très grande écrivaine dans son pays, mais aussi à l’international avec de nombreuses traductions, Ronit Matalon décède en décembre 2017 à la suite d’un cancer. Et la mariée ferma la porte, ironie du sort, sera sa dernière révérence. Mais ce qui est sûr c’est que la maitrise de ce texte, la légèreté apparente mêlée aux questions sociales ainsi que la tension dramatique des mots donneront envie de se plonger dans les autres textes de Ronit Matalon.
Ronit Matalon, Et la mariée ferma la porte, Actes Sud, 144 p.
Photo : Ronit Matalon © Iris Nesher