Le dernier roman de Matthieu Mégevand, La bonne vie, publié chez Flammarion est le récit haut en couleur d’un artiste méconnu.
A la question, qui se souvient de Roger Gilbert-Lecomte, poète rebelle du XXème, la réponse serait Matthieu Mégevand. En effet, il le prouve dans son dernier roman qui est un bel hommage à l’artiste disparu. La bonne vie revient sur la vie tumultueuse du jeune homme né à Reims en 1907. Adolescent quelque peu turbulent et que rien n’effraie, il est toujours entouré de ses amis et comparses, René Daumal, Robert Meyrat et Roger Vaillant avec qui il forme les Phrères simplistes.
Ensemble, ils se questionnent sur le sens de l’existence et surtout sur ses limites. Des limites qu’eux-mêmes veulent toujours repousser pour éprouver l’existence. Cela passe par de nombreuses discussions, par des prises de stupéfiants et bien-sûr par l’écriture, la poésie.
Monter à la capitale
Pour réaliser leur projet, les amis décident de partir à Paris, la ville de tous les possibles. Les parents sont d’abord réticents mais Roger Gilbert-Lecomte ne leur laisse pas trop le choix. A Paris, ils fondent aussitôt la revue Le Grand Jeu pensant ainsi devenir le nouveau courant littéraire de la capitale et ainsi détrôner les surréalistes avec à leur tête le patron, André Breton. Mais rien ne se passe comme prévu. A la joie, les fêtes, la débauche, les aspirations artistiques succèdent les déboires, les problèmes financiers et le conflit avec les surréalistes. Matthieu Mégevand raconte la rencontre entre le pape du surréalisme et le groupe de jeunes gens confiants qui vire au fiasco. Ces derniers refusent de se joindre à la compagnie de Breton et signe quelque part leur fin. Les années qui suivent sont dures et déprimantes. Roger Gilbert-Lecomte qui ne cesse de se rebeller contre l’incompréhension du monde tombe encore plus dans les excès en tout genre. A 36 ans, il décède comme une poète maudit.
Il y a beaucoup d’entrain et de joie dans les mots de Matthieu Megévand qui ne succombe pas à la tentation d’un récit misérabiliste qu’aurait pu inspirer ce destin sombre. Au contraire il cherche le solaire, l’énergie dans la personnalité de Gilbert-Lecomte pour montrer un destin tragique mais pas vain.
Matthieu Mégevand, La bonne vie, Flammarion, 160 p.
Photo : Matthieu Mégevand © Sébastien Agnetti
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