Fougueux et tourmentés, Egon Schiele et Jean-Michel Basquiat traversèrent éphémèrement le vingtième siècle en laissant derrière eux une œuvre énigmatique et forte. Une exposition exceptionnelle à la Fondation Louis Vuitton à Paris expose jusqu’au 14 janvier le travail de ces deux génies rebelles. Pour ceux qui n’auront pas la chance de s’y rendre, les éditions Gallimard proposent deux livres d’art qui regroupent leurs œuvres majeures et décrient le travail de ces deux visionnaires.
La fureur de peindre
La vie des deux peintres sera courte. A l’âge de 28 ans, Egon Schiele meurt de la grippe espagnole. Pour Basquiat se sera une overdose. Leurs peintures semblent déjà annoncer ce passage éclair. Le trait se fait vif, l’urgence de peintre vitale, brutale. Le résultat est poignant, les peintures saisissantes. Quiconque se trouve devant un de leur tableau ne peut qu’être saisi par l’immédiateté du mouvement.
Mais c’est aussi le monde et leur contemporain qu’Egon Schiele et Jean-Michel Basquiat ne comprennent pas et rejettent. Schiele qui n’adhérera pas à l’enseignement académique de la peinture se rit et se moque de la morale rigide et des conventions qui régissent la ville de Vienne avant la première guerre mondiale. Il étouffe dans ce monde qu’il refuse. Basquiat n’est pas plus à l’aise dans son existence. Il n’aura de cesse de s’insurger contre la société de consommation et la violence. Dans les rues de New-York, il aimait taguer des slogans, des messages politiques qu’il signait du nom de SAMO (same old shit).
Deux élèves, deux maîtres
Pour Egon Schiele la rencontre avec Klim sera décisive. Klim approuvera le travail du jeune débutant. Mieux, il lui permettra de rencontrer Wally Neuzill qui deviendra une sorte de muse-compagne. Avant cela Egon Schiele pourra compter sur sa seule alliée, sa jeune sœur qui sera aussi son premier modèle. Les nus qu’il fera d’elle seront les premiers à susciter un émoi dérangeant.
Basquiat rencontrera Andy Warhol en 1983. L’artiste déjà très connu est impressionné par Basquiat. De cette rencontre nait une amitié et surtout une collaboration artistique qui sera remarquée. Ils feront ensemble plusieurs tableaux. Basquiat sera très touché par la mort de son ami en 1987.
Bousculer les codes
L’art est un moyen d’expression, un moyen de survivre, d’explorer et de dire le monde. Schiele et Basquiat ne firent aucune concession dans leurs choix artistiques quitte à bousculer ou choquer. Les peintures à caractères érotiques d’Egon Schiele seront jugées amorales. Pire, il sera entendu pour détournement de mineur et sera retenu 21 jours en détention provisoire. Les graffitis de Basquiat redéfinissent quant à eux les limites de l’art et mettent en avant le street art, mais ce qui est sûr, c’est que la sincérité de leur message saura traverser les décennies pour dire quelque chose de leur époque et de leurs tourments.
Leur vie fut courte, mais leur art étendu. Les deux artistes laissent derrière eux de nombreuses toiles et dessins dont la valeur ne cesse de croitre. Ce sont aussi deux artistes innovants et en avance sur leur époque. Ils ne cesseront de faire réagir et d’inspirer nombre de leurs successeurs. La Fondation Louis Vuitton offre la chance de pouvoir découvrir ces deux artistes. Les ouvrages publiés chez Gallimard qui accompagnent cette exposition sont aussi très complets et font découvrir leurs pièces majeures.
Détails et billetterie : Fondation Louis Vuitton
Dieter Buchhart (sous la direction de), Egon Schiele, Gallimard, 224 p.
Dieter Buchhart (sous la direction de), Egon Schiele, Gallimard, 322 p.