Compte rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 9 novembre 2018. Franck. Liszt. Dénes Várjon. Orchestre National du Capitole de Toulouse. Tugan Sokhiev.
Le trop rare César Franck magnifié à Toulouse.
César Franck est à l’honneur dans ce concert avec le sensationnel poème symphonique, le chasseur maudit, et sa symphonie en ré mineur. Etant données les qualités de ces deux partitions il est bien dommage de les entendre si rarement. Le poème symphonique est grandement théâtralisé par la direction pleine de constates de Tugan Sokhiev. Il obtient de son orchestre des effets musicaux puissants. La narrativité vivante qui irrigue la partition s’en trouve magnifiée. Chaque instrumentiste participe activement à l’aventure de ce malheureux chasseur. Cette très belle partition trouve là des interprètes inspirés. En fin de concert la symphonie en ré mineur va bénéficier d’une très intéressante direction. Arrivant à garder une belle énergie jusqu’aux ultimes mesures Tugan Sokhiev qui déjà en 2009 l’avait dirigé in loco n’a pas fondamentalement changé ses partis pris. Les plans sont ciselés, les nuances subtilement amenées et les instrumentistes encouragés à donner le meilleur d’eux même.
C’est en fait la qualité de l’orchestre qui a permis d’aller plus loin, avec la majesté des grandes phrases, les nuances forte plus puissantes, les cuivres plus nuancés et les violons bien plus solides et éclatants. Les bois restent magiques aves en particulier au cor anglais, si important dans le deuxième mouvement, Gabrielle Zaneboni dont la délicatesse et la musicalité sont un rêve. Le final de la symphonie atteint des somment de hauteur dans une paissance jupitérienne assumée.
Encadré par ces deux chefs d’œuvres le deuxième concerto pour piano de Liszt pâlira un peu.
Pourtant le jeu aussi virtuose que musical de Dénes Várjon est parfait et comme à son habitude Tugan Sokhiev est un partenaire délicat très à l’écoute du soliste. Les musiciens avec de très beaux soli vont loin dans leurs propositions et Tugan Sokhiev les laisse libres de suivre le soliste dans les moments chambristes. Le chaleureux chant du violoncelle de Sarah Iancu permet des épanchements lyriques avec Dénes Várjon. Pourtant ce concerto restera comme en retrait par rapport aux deux autres œuvres de César Franck. Dénes Várjon avec son jeu puissant et clair a été très applaudi. Il a offert deux bis bien agréables de Bartók et Schumann.
L’orchestre du Capitole et son chef au retour de leur mémorable concert à Paris ont su renouveler leur incommensurable joie à faire de la musique ensemble. Un bien beau concert qui a surtout mis en valeur le compositeur, belge naturalisé français, César Franck.
Puis une sorte de tradition lors de la prise de retraite d’un musicien de l’orchestre a pris un tour particulièrement émouvant. Le violoncelliste Christopher Waltham a été honoré par le chef avec l’habituel bouquet mais cette fois le futur retraité a également fait un cadeau au chef (un livre ou un album) et fait un petit discours très émouvant. Cette vie vraie et conviviale est une grande qualité de cet orchestre et illustre la relation forte entre les musiciens et Tugan Sokhiev.
Compte rendu concert. Toulouse ; Halle-aux-Grains, le 9 novembre 2018 ; César Franck (1822-1890) : Le chasseur maudit, poème symphonique ; Symphonie en ré mineur ; Frantz Liszt (1811-1886) : Concerto pour piano n°2 en la majeur ; Dénes Várjon, piano ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Tugan Sokhiev, direction.