Les sentiments amoureux viennent et s’en vont. Parfois, dans un même fracas. Clôture de l’amour, pièce de théâtre écrite et jouée par Pascal Rambert, accompagné par Audrey Bonnet, met en scène une rupture violente, où la phrase est ponctuée par un poing. Un affrontement sensationnel.
Salle principale du ThéâtredelaCité – mercredi 14 novembre – début de soirée
La scène est une grande pièce. Les façades sont blanches, des escaliers-gradins blancs sont au fond. Seize néons, trois portes, un extincteur. Il se dégage l’atmosphère d’une clinique. Pascal Rambert, l’auteur-comédien, entre, allume et la salle s’éteint. Vêtu d’un maillot blanc, il se fond dans le décor. Sa ceinture dépasse, nonchalamment. Audrey Bonnet, comédienne, le suit.
Impressionnant, il tient le crachoir pendant une heure. Il attaque sévèrement « l’amour-qui-dure-toute-la-vie » et annonce à sa femme qu’il met un terme à leur relation. Il n’hésite pas à déclarer que « l’amour est une secte. » Il se déplace comme un escrimeur. Elle ne parle pas, elle ne lui répond pas. La colère et le désarroi se lisent sur son demi-visage, elle se tient de profil. Son corps se soulève suivant le rythme de ses respirations. Elle tangue comme une bouée sur une mer agitée. Elle sanglotte, parfois. Les mots la plient en deux. Ses longs cheveux noirs rencontrent le talon de ses chaussures.
Les choristes de la Lauzeta entrent et reprennent la parole à Pascal Rambert. Ils chantent Happe d’Alain Bashung. Dans leur sillage, Audrey Bonnet s’engouffre. Elle s’adresse à lui. Sa voix, comme venant d’outre-tombe, est d’une force rare. Ses cris, ses colères, ses attaques sont rauques et hypnotiques. Ils donnent un corps à la « décroissance de la joie, » qu’elle évoque. En face d’elle, Pascal Rambert se tord, il souffre, il souffle, les reproches sifflent à ses oreilles.
Les deux tirades étendues, monologues, sont voisins. Des expressions sautent d’une prise de parole à l’autre, trouvent des échos. La gravité et la drôlerie s’y rencontrent. Parfois, une plaisanterie désamorce une forte tension, qu’il aurait été juste de laisser gonfler. D’autres fois, cela s’accomode bien. La clôture de la pièce, de cette grande catharsis, approche et soudain, les deux comédiens cessent de bruire. Ils ont épuisé le langage. Le spectateur est sur le qui-vive, le silence l’attaque sévèrement. Malheureusement, la parole revient, trop vite et laisse la place à une fin en queue de cerise.
Le texte Clôture de l’amour est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs.