Le Marathon d’automne aura lieu du 22 au 25 novembre à Toulouse, et ce sera déjà la 7ème édition. Le programme vient d’être dévoilé et laisse espérer d’ores et déjà de belles rencontres. Voici une sélection d’ouvrages qu’il sera possible de découvrir lors des lectures publiques.
Chaque année, à la même période, Toulouse met à l’honneur la littérature d’un pays étranger. Cette fois-ci, l’invitation au voyage, nous conduit en pays néerlandophones. Au total, sept auteurs venus de Flandres et des Pays-Bas nous ouvriront les portes de leur univers romanesque, Connie Palmen, Griet Op de Beeck, Margriet de Moor, Stefan Hertmans, Lize Spit, H.M. van den Brink et Frank Westerman.
Connie Palmen revisite l’intime de Sylvia Plath.
Ton histoire, mon histoire, publié chez Actes Sud, s’invite dans la vie de Sylvia Plath et de celui qui deviendra son mari, Ted Hughes. De ce couple, on sait tout, ou presque. Et l’histoire ne retiendra que la fin tragique. Connie Palmen, déplace le curseur, sort du cadre et décide de raconter cette histoire depuis le point de vue du mari de cet écrivain devenu quasi mythique. Et le film se déroule sous nos yeux, la rencontre et la fascination, les débuts littéraires, les succès, puis les parts d’ombre. Et elles sont nombreuses. Sylvia est sombre, colérique parfois, un mal qui la pousse jusqu’à une tentative de suicide, un séjour en hôpital psychiatrique et hélas jusqu’à l’acte final, celui de sa mort.
Le texte emprunte les chemins de la passion, ceux du désespoir, des doutes, des questions, il se fait si intime que la voix de Connie Palmen s’estompe au fil des pages pour laisser entendre celle de Ted Hughes. Un roman très réussi qui donnera envie de découvrir ou redécouvrir l’univers de Sylvia Plath.
Connie Palmen sera présente au Musée Paul Dupuy le vendredi 23 novembre à 17h30.
Connie Palmen, Ton histoire, mon histoire, Actes Sud, 272 p.
Lize Spit, un premier roman vertigineux
Si vous croyez avoir tout lu sur l’enfance, vous vous trompez. Ou alors vous n’êtes tout simplement pas tombé sur le livre de Lize Spit. La Débâcle, publié chez Actes Sud, est un ouragan littéraire. D’abord, il y a cette couverture qui intrigue et appelle à lire le résumé. Et le pitch fait déjà froid dans le dos. Pim, Laurens et Eva s’amusent à un jeu dangereux. Celui de faire déshabiller des jeunes filles en leur posant des énigmes. Elément central qui déclenchera toute une série de conséquences. Une fois dans la spirale, il vous sera difficile de refermer ce livre qui est étonnamment maîtrisé pour un premier roman. A certains égards – quoique bien différent – il évoque La Vraie Vie d’Adeline Dieudonné, autre roman qui décrasse le thème de l’enfance insouciante.
Une rencontre avec Lize Spit est organisée par la librairie Ombres Blanches le samedi 24 novembre à 16h.
Lize Spit, Débâcle, Actes Sud, 432 p.
Profession éditeur
La librairie Ombres Blanches propose, entre autres évènements, de venir à la rencontre des éditeurs. Cette année, c’est au tour des éditions Seuil avec la présence du nouveau PDG, Hugues Jallon. Editeur auparavant aux éditions Verticales, Hugues Jallon évoquera le métier, accompagné de certains de ses auteurs comme Cloé Korman, Edwy Plenel ou Chantal Thomas.
La tempête de Cloé Korman
Pour son troisième roman, Midi, publié chez Seuil, Cloé Korman replonge dans les souvenirs de Claire. Claire est mariée, mère et médecin. Elle vit à Paris et a – à priori – un quotidien plutôt linéaire et agréable. Jusqu’à ce que le passé revienne frapper à la porte. Un patient est admis dans son hôpital, une hépatite C, au dernier stade. Il s’agit de Dominique, un homme, un amant, que Claire n’a plus revu depuis 15 ans, cet été-là où elle travaillait dans un centre associatif. Un été qui aurait dû être dédié à la jeunesse et à la légèreté, mais qui s’obscurcit à cause d’une fillette introvertie, secrète. Que cache-t-elle ? Un drame qu’il faut stopper ? Entre ceux qui doutent, ceux qui ne veulent rien voir, ceux qui veulent protéger l’enfant, etc., les relations se détériorent et s’enveniment jusqu’à ce que le fil casse. Claire se souvient de cet été brûlant à Marseille où elle devint adulte.
Cloé Korman sera présente à la librairie Ombres Blanches jeudi 22 novembre à 18h30.
Cloé Korman, Midi, Seuil, 224 p.
Deux toulousains qui retournent aux sources
Gautier Battistella et Manu Causse sont également invités à présenter leur dernier roman. Un point commun, le retour aux racines.
Manu Causse, le poison d’une mère
Le dernier roman de Manu Causse, Oublier mon père, paru chez Denoël, est nourri d’une enfance complexe. Alexandre, le personnage central, vit entre une mère à l’autorité abusive et un père un peu trop effacé. Le début du roman s’oriente surtout autour de la figure maternelle. Sévère, injuste, insensible, elle vampirise son fils afin de l’endurcir. Car Alexandre n’est jamais assez bien, ne réagit jamais comme il faut. Et qu’il se garde bien de « chialotter » comme lui interdit sa mère. Alors Alexandre se tait pour disparaître. Ses nausées et crises qu’en seront que plus fortes et incontrôlées. Impossible de ne pas penser à Hervé Bazin et Vipère au poing, en lisant ces pages-là. Lorsque le père disparaît, un accident de voiture, le piège se referme sur Alexandre. Il restera seul avec sa mère et le cauchemar ne fera que se poursuivre. Humiliante, injurieuse, la mère franchit toutes les limites.
Les thèmes sont foisonnants dans Oublier mon père. Manu Causse explore la figure paternelle avec une série de révélations qui expliqueront beaucoup de silences et de mensonges, et aussi et surtout il aborde la question de la construction d’un individu. Le roman est fluide et agréable à lire.
Manu Causse présentera son roman samedi 24 novembre à 16h30 au musée Paul Dupuy.
Manu Causse, Oublier mon père, Denoël, 304 p.
Gautier Battistella, un roman moderne
Ce que l’homme a cru voir, publié chez Grasset, est le deuxième roman de Gautier Battistella. L’idée de départ est innovante. Elle se centre autour de Simon Reijik qui a pour mission d’effacer les réputations numériques. Quoi de plus logique dans une société où le numérique est profession de foi. Simon est très à l’aise avec son métier et vit une existence plutôt normale. Un jour, un coup de fil, la mort d’un ancien ami d’enfance et Simon, ironie du sort, se retrouve propulsé dans son propre passé. Il revient sur les lieux de son enfance, près de Toulouse, et là la mémoire ressurgit lentement.
Gautier Battistella sera présent à la librairie Privat le jeudi 22 novembre à 18h.
Gautier Battistella, Ce que l’homme a cru voir, Grasset, 240 p.
Le Marathon d’Automne
du 22 au 25 novembre 2018 • Toulouse Métropole
Culture 31 • L’Essentiel de la Culture
Communication / Partenariats : contact@culture31.com