C’est pour le jeudi 8 novembre à 19h 30. Il a été enregistré à l’Opéra de Stuttgart, courant novembre 2017. La chorégraphie est de John Cranko. Grâce à ce ballet, il s’est assuré une place au panthéon des grands chorégraphes que le XXè siècle a pu compter. Bien sûr, comme l’opéra Eugène Onéguine, il est inspiré du roman en vers d’Alexandre Pouchkine.
Les danseurs sont du Stuttgarter Ballett. À la direction musicale, nous retrouvons James Tuggle et le Staatsorchester Stuttgart pour un spectacle d’une heure quarante sans entracte. Les décors et costumes sont de Jurgen Rose, tandis que l’arrangement et l’orchestration sont confiés à Kurt-Heinz Stolze. Comme c’est le 50è anniversaire de la troupe de ballet, la distribution sera exceptionnelle. On retrouve ainsi Alicia Amatriain dans le rôle de Tatiana et Friedemann Vogel dans celui d’Onéguine, tandis que David Moore est Lenski. Le Prince Gremine devenu l’époux de Tatiana est dansé par Jason Reilly. Dans le rôle de madame Larina, nous avons Melinda Witham tandis que le rôle plus secondaire de la gouvernante est confié à la toujours grande Marcia Haydée.
Quelques mots sur l’histoire valable aussi bien pour l’opéra que pour le ballet.
Les personnages en sont des bourgeois que rien ne semble distinguer. Dans cette Russie de toujours, à la fois quotidienne et onirique, l’on boit du thé et l’on regarde passer les saisons. Les seuls chagrins de l’existence sont ceux que font affleurer les livres que l’on recherche, la poésie, de même, et la musique que l’on pratique tous azimuts. C’est dans cet imperturbable écoulement des choses, dans ce confortable ennui, que la lettre de Tatiana ouvre soudain les abîmes du cœur, révèle avec une implacable lucidité la violence des désirs.
Livret très résumé : Madame Larina reçoit avec ses deux filles Olga et Tatiana. Les hôtes d’un moment sont Lenski, le fiancé d’Olga et son ami Eugène Onéguine sur lequel Tatiana “flashe“, et le mot est faible. La passion l’envahit immédiatement. C’est la gouvernante qui sera chargée de remettre à Onéguine la lettre enflammée que sa maîtresse a écrite sous l’emprise de sa passion soudaine, et dont le destinataire ne fait guère cas à sa lecture. Plus tard, lors d’un bal, Onéguine jouera un peu la provocation en s’intéressant d’un peu trop près à Olga, sous les yeux de Tatiana meurtrie, déclenchant la colère de Lenski, qui provoque alors le malotru en duel, duel qu’il perdra, blessé à mort.
Ainsi, trois personnages faits pour s’aimer se déchirent et, au sens propre, se tuent. Le tragique n’est plus ce qu’il était : l’amour est impossible, mais non plus à cause de quelque fatalité extérieure, que ce soit l’exigence d’un dieu ou de la société. Rien ne vient l’entraver du dehors. Ce sont les cœurs qui sont incapables de leur propre félicité et travaillent sans relâche à leur perte.
Tatiana amoureuse toujours, mais mariée à un autre, le prince Gremine, repousse le même Onéguine, tombé amoureux un peu tard, et à qui elle s’était autrefois passionnément offerte. Un tragique quotidien, mais en rien émoussé par le quotidien. Comme tous les écrivains et poètes russes, Piotr IlyitchTchaïkovski a vu en Pouchkine le beau miroir de ses hantises et de ses songes. L’ouvrage arrive après ce mariage ubuesque perpétré par le compositeur pour essayer de cacher son homosexualité, ce qui fait dire à certains qu’il est, finalement, à la fois Tatiana, Lenski et Eugène Onéguine, eux trois qui ont tous en commun d’aimer qui ne les aime pas, de vouloir aimer qui ne peut les aimer, et de tuer ceux qui les aiment.
Michel Grialou
Cinéma CGR Blagnac
Oneguin • Ballet de Stuttgart
Jeudi 8 novembre 2018 à 19h30