Frères ennemis, un film de David Oelhoffen
Loin des clichés mais sur un mode beaucoup plus réaliste, David Oelhoffen nous entraîne dans la spirale du trafic de drogue, sur les pas de deux frères de cœur que tout oppose. Magistral !
Manuel et Driss ont grandi ensemble, dans l’une de ces cités transformées en plaque tournante du trafic de drogue. S’ils ont grandi ensemble, par contre leurs chemins ont divergé. Largement ! En effet, alors que Manuel a glissé vers le banditisme, Driss a voulu fuir cet avenir tout tracé. Il est devenu Capitaine de police à la Brigade des Stups. Les liens du cœur étant difficiles à couper, leur amitié va se trouver confrontée à de cruels dilemmes. Envers et contre toute déontologie, Driss veille sur son « frère », franchissant à plusieurs reprises des frontières douteuses. Mais il sera bien obligé à un moment de faire son job…
Grâce à une amie avocate, le réalisateur a pu discuter avec des trafiquants. Il s’est imprégné de la réalité du milieu, loin des clichés que parfois le cinéma et la télévision colportent. Il a fait de même, de l’autre côté, Quai des Orfèvres, en particulier en coécrivant le scénario de L’Affaire SK1 (Frédéric Tellier/2015). Ce qu’il nous propose ici n’est pas qu’un simple polar. Son film descend dans la psyché de ces deux hommes, au plus profond de leurs blessures. Nous assistons ici à une véritable tragédie, avec sa catastrophe finale. Ce genre d’exercice, périlleux entre tous, ne vaut que si deux comédiens d’exception sont devant la caméra. David Oelhoffen les a trouvés. C’est le géant blond né dans la capitale du diamant qui incarne, de toute sa force physique doublée d’un regard d’une incroyable douceur, cet homme qui ne demande qu’à aimer et être aimé. Matthias Schoenaerts (Manuel) possède un talent qui ne se discute pas. Sa présence à l’écran est d’une puissance telle qu’elle pourrait phagocyter n’importe qui. Et il faut bien un Reda Kateb (Driss) pour partager à égalité cette histoire sanglante. Fracturé entre ses liens d’amitié et son devoir, Driss est l’un des personnages les plus captivants que le polar cinématographique ait jamais porté à l’écran.
Robert Pénavayre
Frères ennemis – Réalisateur : David Oelhoffen – Avec : Reda Kateb, Matthias Schoenaerts…
Matthias Schoenaerts – Le grand belge avec un talent fou
Dès l’âge de 8 ans, en 1985, ce tout jeune Anversois monte sur les planches aux côtés de son père. Il ne lui en faudra pas davantage pour contracter le virus du spectacle. Matthias a tout juste 15 ans lorsqu’il débute au cinéma. De seconds rôles en têtes d’affiche, le comédien poursuit sa carrière. Ce géant blond au regard d’une infinie douceur va exploser sur nos écrans dans le polar belge Bullhead en 2012. De suite après, pour sa prestation dans le film de jacques Audiard, De rouille et d’os, il reçoit le César du Meilleur espoir masculin. La planète cinématographique commence à se l’arracher. Pour notre plus grand plaisir !