Deuxième plus gros festival français derrière Quais du Polar à Lyon, Toulouse Polars du Sud fête cette année ses dix ans. Un festival très convivial et à la programmation relevée, mêlant auteurs très connus (Pierre Lemaitre, Roger Ellory, Bernard Minier, Didier Daeninckx, Joe Lansdale), auteurs confirmés (Zygmunt Miloszewski, Tim Willocks, Thomas Cook, Patrick Pécherot, Marin Ledun, Petros Markaris, Pascal Dessaint) ou ceux qu’il est urgent de découvrir. Cela tombe bien, nous avons demandé à Jean-Paul Vormus, président de TPS, de nous dresser une petite ordonnance de polars à lire.
Comment s’était passé le crû TPS de l’an passé ?
Ce fut une bonne édition avec 12 000 festivaliers et de très belles rencontres. On bénéficie d’un gros lectorat qui affectionne le polar et les Toulousains amateurs de noir savent que l’on existe. Et nous fêtons cette année nos dix ans. On a donc prévu quelque chose d’un peu particulier pour marquer cet anniversaire. Il y a plus d’auteurs déjà, nous en aurons 65 cette année et de nombreux événements exceptionnels
Il y a des choses nouvelles sur le plan des animations ?
Oui, notre parrain Pierre Lemaitre fera le vendredi 12 octobre une master class sur les dix commandements du polar. En plus des apéros polars, le théâtre du Grand Rond va proposer une nuit du polar avec des lectures d’extraits de romans policiers (d’auteurs présents au festival mais pas que). L’ ABC organise une soirée avec six courts métrages policiers, en partenariat avec le festival Séquence Courts Métrages. Sur les lieux du festival, il y aura aussi un escape game, un jeu où l’on se retrouve enfermé dans une pièce et où l’on doit trouver comment s’échapper. Il y aura également le dimanche 14 octobre une parade de motards à travers la ville, organisée par les deux roues fondus de noir de l’assoce délicieusement appelée Les Molars. C’est le romancier Benoît Séverac qui en fait partie. Il y aura enfin une expo de la photographe Christelle Soria, qui nous accompagne depuis le début, avec des portraits des auteurs passés chez nous durant dix ans, des bénévoles qui nous aident et sans lesquels Toulouse Polars du Sud n’existerait pas. Et puis toutes les animations habituelles : le rallye-enquête (concocté cette année par l’écrivain Alain Monnier), des tables rondes passionnantes au forum de la Renaissance, les Docteurs Polars, etc.
Quels auteurs nous recommandez-vous, particulièrement parmi ceux moins connus du grand public ?
Je suis très content que Joe Lansdale vienne. Il se déplace rarement en France, c’est l’auteur d’une œuvre déjà considérable et le père des personnages Hap et Léonard aux aventures truculentes. Il y a aussi Benjamin Whitmer, un Américain qui avait écrit Pike et qui vient de sortir l’épatant Evasion. C’est un roman qui raconte l’évasion d’un groupe de prisonniers en plein hiver, dans un univers glacial sous la neige. Chaque chapitre suit successivement les fugitifs, un traqueur qui connaît bien la région et le directeur de la prison qui est une sombre crapule. Les personnages sont très bien campés et la fin est digne d’une tragédie grecque.
J’ai beaucoup aimé. Du noir à l’état pur. C’est Pierre Lemaitre qui a préfacé le livre. Autre coup de cœur, le Québecois Eric Plamondon qui a signé Taqawan. Taqawan est le nom indien du saumon qui remonte pour aller frayer. Au-delà de l’intrigue policière elle-même, il nous parle dans ce livre tant de la vie des Indiens Mig’Maq que de la façon dont la société québecoise les écrase. Il y a aussi le dernier Patrick Pécherot : Hével. L’histoire se passe à la fin des années 50 avec deux camionneurs qui font du transport de marchandises avec un camion qui se barre en sucette. A travers cette sorte de road-movie, il aborde la Guerre d’Algérie, ses crimes et des heurts qui ont eu lieu dans le Jura. Il montre aussi que la vérité peut être fluctuante. Je conseille aussi Demain c’est loin de Jacky Schwartzmann qui raconte l’histoire d’un jeune de banlieue et d’une banquière à qui il demande un prêt et qui écrase involontairement le cousin d’un gros caïd de la cité. La cavale commence avec de multiples situations cocasses. Enfin, le dernier Marin Ledun, Salut à toi ô mon frère. Il est très différent des précédents et très réjouissant ! Il met en scène une famille un peu foutraque qui ressemble à la famille Malaussène de Daniel Pennac : une mère infirmière anarchiste, un père clerc de notaire qui essaie de passer son diplôme de notaire mais qui n’y arrive pas, la narratrice est programmatrice culturelle dans un salon de coiffure, une ribambelle de gosses adoptés… Le dernier de la fratrie disparaît et on l’accuse d’avoir commis un braquage dans un bureau de tabac. C’est un livre très rythmé, réjouissant lui-aussi et intelligent.
Bertrand Lamargelle
Toulouse Polars du Sud
10e Festival International des Littératures Policières
12 – 13 – 14 octobre 2018
Forum de la Renaissance • Toulouse
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