Gus est le premier spectacle de l’année du théâtre Sorano. Amusant, accueillant et plus que ça, il donne le ton de ce lieu qui se veut « populaire« . Deux représentations de ce spectacle restent : jeudi 27 et vendredi 28 septembre.
Mercredi 26 septembre, c’est le soir de la première. Une foule éparse patiente devant le bâtiment de briques. Des personnes boivent du vin, d’autres fument leur cigarette. Il y a quelques enfants, mais pas seulement. Il y a surtout, à vrai dire, des adultes. L’affiche du spectacle promettait : « Ce soir j’emmène mes parents au théâtre ! » Certains mômes ont surtout réussi à refourguer leurs parents au Sorano.
Sébastien Barrier attend sur scène. Il est seul, entouré de ballons de baudruche noir. Il y a une batterie de fortune à sa gauche et un costume de chat à sa droite. Les lumières de la salle sont encore allumées. Les spectateurs entrent les uns après les autres, discutent les uns avec les autres. Des enceintes émettent un faible râle difficile à identifier. Un bébé qui pleure ? Un chat qui geint ? Le comédien joue mollement avec des ballons. Le spectacle n’a pas encore commencé, si ? Progressivement, les discussions cessent. Et là, ça a commencé ? Les lumières de la salle s’éteignent.
On est quand même mieux là qu’en tôle.
Devant un premier rang d’enfants, Sébastien Barrier joue au clown et au funambule. Il trébuche sur des mots, des tournures, les répète, les vide de leur sens en les épuisant ainsi. Il balance entre le texte appris et l’imprévu, la scène répétée et l’événement improvisé. Il passe du concert (il a créé la musique du spectacle avec Nicolas Lafourest) à la pièce de théâtre. Il provoque des éclats de rires chez les spectateurs et quelques moments de tensions, parfois forts. Il joue avec les nerfs comme un chat le ferait avec une pelotte de laine.
Gus est le nom d’un chat. Ce spectacle le présente et en raconte certaines aventures. Il ne s’agit pas d’en dire davantage. Il convient de laisser la liberté de regard au spectateur, de le faire se heurter à une pièce dont il ne présage pas le contenu. Malgré certaines longueurs et quelques tentatives moins convaincantes, Gus est un spectacle surprenant et plaisant, fort de l’énergique Sébastien Barrier et d’une scénographie réussie. Il ouvre grand la porte du théâtre Sorano : aux curieux, aux enfants, aux adultes, à ceux qui n’ont rien à y faire. C’est toute la tâche que les équipes qui travaillent à l’intérieur s’assignent. Ce premier pas 2018/2019 indique cette voie.
Valentin Chomienne
Théâtre Sorano
Gus • Sébastien Barrier
mercredi 26, jeudi 27, vendredi 28 septembre 2018