La Salle Nougaro de Toulouse inaugure ce vendredi 28 septembre sa programmation pour la nouvelle saison 2018/2019. Avec une fréquentation en hausse, l’équipe des programmatrices inspirées trouve complètement validés son éclectisme et son dosage bien vu entre valeurs sûres mais rares et – surtout – des artistes moins connus qui ne le resteront plus longtemps.
Voici une sélection très subjective des points chauds de leur saison musicale.
Retrouvez le lien vers le programme complet (avec vidéos) et les formules d’abonnement en fin d’article.
Parlons Jazz
Parce que le lever de rideau 18/19 présente le quartet Meajam qui jouera en avant-première les titres de son prochain album. Totale découverte, mais faisons confiance à la Salle Nougaro qui leur offre quatre jours de résidence en amont du concert ! (le 28 septembre).
Etincelles en vue avec la guitariste américaine Mary Halvorson et la pianiste compositrice suisse Sylvie Courvoisier, figures marquantes de la scène alternative new-yorkaise, qui se retrouvent avec bonheur sur la scène du Festival Jazz sur son 31 en partenariat avec le Conseil départemental de la Haute Garonne et un Pavé dans le Jazz. (le 11 octobre).
On enchaîne – merci Jazz sur son 31 : misez classique avec la chanteuse / pianiste / compositrice / arrangeuse australienne Sarah McKenzie, qui a collaboré avec le producteur Brian Bacchus (Norah Jones, Lizz Wright et Gregory Porter). Elle séduisait en 2017 avec le sensationnel « Paris in the Rain » : on veut bien de cette pluie ( ! ) et des chansons de son nouvel album en préparation (le 17 octobre).
On reprendra du jazz (ou presque) après les fêtes avec une étape de la prodigieuse, géniale, exceptionnelle, unique au monde Saison Moondog orchestrée par Hervé Bordier pour la Direction des Musiques de la Ville de Toulouse autour de ce musicien de génie aujourd’hui disparu. On va suivre en détail les pierres blanches de ce projet « de dingue » (septembre 18 à juin 19) dont la caravane fait halte à la Salle Nougaro pour une revisitation par l’Ensemble O de l’album des années 90 Elpmas, un véritable concept-album ode à la nature et un manifeste contre les mauvais traitements réservés aux peuple aborigènes. La (re)lecture que propose l’ensemble 0 convoque sur scène la chaleur organique de véritables lames de marimbas, la bande analogique d’un enregistreur Revox pour la diffusion des field-recordings, les voix d’aujourd’hui se mêlant aux fantômes d’hier (utilisation de certains matériaux instrumentaux originaux, viole de gambe, contrebasse enregistrés en 1991) pour faire resurgir une musique empruntant autant aux canons de Jean-Sébastien Bach qu’aux Pow-Wow amérindiens et aux musiques électroniques. Immanquable – donc réservez tôt pour le 10 janvier.
En février déboule le concert très attendu de Thomas De Pourquery. Après un premier album « Play Sun Ra » avec son groupe Supersonic sorti en 2014 et auréolé d’une Victoire du Jazz « Meilleur Album de l’Année », voici « Sons Of Love », le premier album de Thomas de Pourquery. Le premier dont il compose toute la musique, comme une déclaration d’amour à ses héros. Ce géant généreux et malicieux va nous retourner la salle, casser la baraque avec une musique jouissive et tonique. Yeah ! Avis de fête le 5 février.
Autre jazz, tiens, plutôt electro hypnotique, cinématographique d’ailleurs. On avait bien apprécié la percée de Portico Quartet au festival Millau en Jazz il y a – ouf… – quelques années maintenant. Ca va plaire aux jeunes (entre autres) le 10 mai.
Get the Blues
La saison dernière, Big Daddy Wilson avait fait un tabac avec son blues bien sapé. Ca n’a pas échappé à nos programmatrices qui en remettent, jugez plutôt.
Avec le non moins élégant Slim Paul et son hommage au blues des années ’30 (le 19 octobre), Michelle David & The Gospel Sessions, en mode « preacher-brother » (on mouille la chemise le 15 mars)
et enfin le charismatique songster Otis Taylor et ses mélodies blues venues aussi bien des Appalaches que du rock psychédélique (on prend dans le buffet avec plaisir le 15 mai).
Musiques du monde : soyez curieux
Si on a bien compris ce qui va marquer notre 21e siècle, c’est aussi du côté des musiques du monde qu’on trouvera les sensibilités, les langages et les émotions qui aideront à installer dans la sérénité l’indispensable diversité qui enrichit l’humain. Forcément loin des hit-parades (on dit encore ça ??), les coups de projecteur de la Salle Nougaro invitent à la curiosité et on va les suivre.
Le 20 novembre, 3MA c’est la rencontre de trois virtuoses d’instruments à cordes emblématiques de trois pays d’Afrique, mais c’est aussi celle d’artistes généreux qui partagent une même passion, une écoute réciproque et une belle amitié : le magicien MAlien de la kora Ballaké Sissoko – bien connu des Toulousains, du maître MArocain du oud Driss El Maloumi et du prince MAlgache de la valiha: Rajery
La guitare intime du grand chanteur Habib Koité rapproche la tradition malienne du blues ou du flamenco. Sa musique offre des variations de cadence, du rythme et des mélodies. On y trouve des échantillons de la richesse des instruments traditionnels du Mali tels que le balafon, tamani ou n’goni. (le 12 février)
AyAyAy deux jours plus tard, voilà l’élégante et intense Esperanza Fernandez, une des plus belles voix du flamenco actuel ! Elle a côtoyé les plus grands – de Camarón de la Isla, Paco de Lucía, Enrique Morente ou Dorantes. Artiste originale et ouverte, cette cantaora qui fut d’abord bailaora n’en oublie toutefois pas ses racines pour nous entraîner sur le chemin du duende (le 14 février les amoureux).
Préparez-vous à craquer le 12 mars avec la princesse absolue de cette saison, l’irrésistible Souad Massi. On l’avait vue au printemps dernier à Muret, elle était repassée en début d’été à Moissac, venez-venez écouter le charme de son chaâbi et de sa folk algéroise le 12 mars !!
Découverte intégrale pour notre part avec Emel Mathlouthi. Elle a traduit en musique l’énergie des révoltes tunisiennes, collaboré avec des artistes tels que Valgeir Sigurdsson ou Tricky, et s’est imposée comme une référence immanquable de la nouvelle scène arabe. Loin d’en rester là, elle s’installe aussi sur la scène internationale comme une artiste d’avant-garde, aux croisements d’influences diverses et dotée d’une voix magistrale. Elle marche avec son époque. Nous aussi (le 20 mars).
En mai, on file au Cap Vert : la jeune Lucibela-la-voix d’or va envoyer les frissons à la façon des grandes sambistas brésiliennes. Etre une femme, être Cap-Verdienne, vivre loin, aimer charnellement et avec grâce, le propos direct allié au charme mélodieux, c’est le miracle Lucibela (le 16 mai pour prendre la vague).
Voilà. Il y a également d’autres artistes musicaux à l’affiche (subjectif, on disait), mais également des spectacles théâtre, humour, et jeune public.
Pierre David
Salle Nougaro
Saison 2018 / 2019 • Toulouse