Photo de famille, un film de Cécilia Rouaud
Le second long-métrage de cette réalisatrice s’ouvre et se ferme dans un cimetière. Scènes classiques du cinéma ayant pour thème la famille.
Classique pourquoi ? Parce que, très souvent, c’est au moment du départ d’un tel ou d’une telle que les familles se retrouvent, se posent les vraies questions, se parlent et tentent parfois de comprendre comment leur lien familial a disparu.
Or, c’est dans ce lien que l’on trouve le pourquoi du comment de ce que nous sommes. Cécilia Rouaud nous met en présence d’une famille lambda qui enterre l’aïeul. Tout le monde entoure la grand-mère qui, elle, est déjà partie ailleurs… Il y a son fils Pierre (Jean-Pierre Bacri, égal à lui-même et toujours aussi juste), son ex-femme (Chantal Lauby, planante et émouvante à la fois) et leurs trois enfants. C’est surtout sur eux que la caméra va s’attarder. Et il y a de quoi. Gabrielle (Vanessa Paradis, lumineuse) élève tant bien que mal son ado de fils qui ne rêve que d’aller vivre chez son père. Elle est « statue » en bord de scène. Tout un programme. Sa sœur Elsa (Camille Cottin) est mariée à un brave garçon mais elle ne peut pas avoir d’enfant. Educatrice sociale, il n’est rien de dire qu’elle en veut à la Terre entière. Et puis il y a leur frère Mao. Game designer de génie, il vit avec un ami de travail, Stéphane (Marc Ruchmann). Traînant une dépression chronique, Mao n’arrive pas à parler aux femmes, si ce n’est maladroitement. Sa psychanalyste commence à lâcher prise. Mao c’est Pierre Deladonchamps, avec son sourire énigmatique autant que pénétrant. Vous l’avez compris, le casting est du genre cinq étoiles et porte haut un film qui finalement et simplement parle un peu de nous tous. En cela il est attachant.
Robert Pénavayre