Pour son quatrième roman, Ma dévotion, publié aux Editions du Rouergue, Julia Kerninon décrit l’histoire d’un amour pas tout à fait banal. En un mot, enthousiasmant !
Encore une histoire d’amour (!), sommes-nous tentés de nous exclamer. Des sentiments contrariés, des effusions, des larmes, etc. Même s’il y a de tout cela dans Ma dévotion, il n’en reste pas moins que le récit de Julia Kerninon n’est ni une bleuette, ni une énième histoire d’amour sans intérêt. La jeune romancière nous convie à écouter la longue confession d’Helen. Et, pas de doute, une fois l’oreille tendue vous ne pourrez plus reposer le livre.
Helen vient de recroiser Frank, son Franck, dans les rues de Londres. 23 ans qu’ils ne se sont plus revus. Helen n’a pourtant jamais oublié celui qui a tellement compté. Alors, puisque le destin s’en mêle, Helen ne va plus se taire. Elle va lui raconter leur vie, celle qu’ils ont vécue ensemble tout en étant sur des sphères parallèles.
Tout a commencé à Rome. Ils étaient des enfants et avaient déjà pour points communs de ne pas aimer leur famille. A eux deux, ils recréent un cocon, cet espace clos dans lequel Helen perdra pied bien souvent. Tout juste adultes, ils décident de s’installer à Amsterdam et d’échapper à leur famille. Helen sait très bien ce qu’elle veut faire de sa vie, ce sera les mots, la littérature. Franck, lui, ne sait pas, il se cherche, puis un jour, il y pense, la peinture, pourquoi pas. Et cela lui réussit, il devient un grand peintre.
Ah l’amour !
Et les sentiments dans tout cela ? Franck et Helen flirtent entre l’amour et l’amitié, entre attachement et détachement. Mais c’est surtout Helen qui compose et gravite autour de Franck avec une dévotion qu’il ne soupçonne pas. Pour lui Helen fait partie de sa vie, elle le rassure et est toujours là pour le soutenir. Jusqu’au jour où… Lorsque l’on devient invisible aux yeux de celui qu’on admire tant que reste-t-il à faire ? Helen sera perturbée, agitée, heureuse et triste. Toutes ces émotions qu’elle a contenues et retenues jusqu’à les balancer d’une traite sur un trottoir londonien à celui qui découvre certainement une histoire dans laquelle il était pourtant le principal protagoniste.
A la force de caractère d’Helen se mêle la force d’écriture de Julia Kerninon qui de roman en roman dévoile une écriture toujours plus maitrisée. Le phrasé cadencé laisse entendre tous les souffles de son héroïne. Une dévotion accordée à ses personnages et à la littérature. Voilà un roman qui devrait faire parler de lui !
Sylvie V.
Julia Kerninon, Ma dévotion, Editions du Rouergue, 304 p.
photo : Julia Kerninon © Arnaud Delrue