BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan – Un film de Spike Lee
L’incroyable histoire, tout ce qu’il y a de plus authentique, de ce policier noir ayant infiltré le KKK, donne au réalisateur afro-américain Spike Lee l’occasion d’un retour en fanfare.
Grand prix du festival de Cannes 2018, le dernier opus de Spike Lee se lit entre comédie et drame. Etroitement inspiré du livre de Ron Stallworth, publié en 2014, relatant le phénoménal coup de poker d’un jeune policier noir, l’auteur himself, nouvellement incorporé dans la Police du Colorado, le scénario nous met dans les pas de deux flics prêts à tout pour faire avancer la lutte antiségrégationniste qui bat son plein dans les années 70 du siècle dernier aux USA.
Pour cela, Ron (excellent John David Washington, le fil de Denzel) va prendre contact, par téléphone, avec l’Organisation, nom de code du KKK. Mais pour les relations « physiques », il s’adjoint le concours de Flip Zimmerman (Adam Driver, de plus en plus colossal !), juif de naissance ! Autant dire, tout ce que combat le KKK. L’infiltration fonctionne et les renseignements collectés sont précieusement compilés par le FBI. Cela suffira-t-il à faire tomber cette secte néofasciste ? On connaît la réponse, surtout depuis que l’actuel Président de la plus grande puissance mondiale a fait sien son slogan : America first ! Même si l’on peut regretter l’adjonction romanesque d’une blackromance entre Ron et une activiste du Black Panther Party ressemblant fort à Angela Davis, le film n’en demeure pas moins particulièrement incisif dans son discours, avec une scène d’une rare émotion, celle au cours de laquelle, rien moins qu’Harry Belafonte (91 ans !) relate, en détail, le lynchage d’un jeune afro-américain de 17 ans : Jesse Washington, en 1916, après trois minutes d’un procès inique rendu par des Blancs.
Spike Lee choisit également d’inclure dans son film des extraits d’Autant en emporte le vent (Victor Fleming – 1950) et de Naissance d’une nation (D.W. Griffith – 1920), montrant ainsi le pouvoir de l’image dans « la persistance de la mentalité raciste en Amérique ». Après le tournage de ce film sont intervenus les dramatiques événements de Charlottesville (12 août 2017). Avec l’accord de la famille de la jeune fille écrasée par une voiture conduite par un néofasciste, Spike Lee décide d’inclure les images d’archives de cette manifestation à la fin de son film, sonnant ainsi le glas de toute illusion quant à la disparition du racisme aux USA.
Un film indispensable !
Robert Pénavayre
BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan – Réalisateur : Spike Lee -Avec : John David Washington, Adam Driver…
Spike Lee – L’activiste avec élégance
A 25 ans, en 1987, le jeune Spike reçoit l’Oscar du meilleur film étudiant. Ce fils de jazzman, diplômé de l’Ecole de Cinéma de New York, va consacrer sa vie au 7ème art. Il réalise ainsi des longs métrages et des documentaires. Bien qu’abordant le drame comme la comédie, ses choix lui vaudront parfois de cuisants retours de manivelle. Qu’à cela ne tienne, il demeure, et le film sous rubrique le prouve encore une fois, le porte-parole le plus célèbre du cinéma-afro-américain.