Les Vieux Fourneaux, un film de Christophe Duthuron
En adaptant la célèbre BD anarcho-trépidante de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, ce cinéaste nous offre, en même temps que son premier long, l’éclat de rire de la rentrée.
Les 4 tomes des Vieux Fourneaux, la BD d’origine, sont en eux-mêmes un monument. Les voici adaptés, du moins le 1 et le 3, au cinéma. Le problème majeur, vu « l’ampleur » des trois héros, était de trouver trois silhouettes ayant la carrure de personnages aussi hauts en couleurs. Il n’est rien de dire combien le trio réuni ici est épatant. Et formidablement explosif !
En deux mots, l’histoire est simple. Pierrot (Pierre Richard version volcan en éruption) et Emile (Eddy Mitchell, smart, tout en retenu et en souffrance) partent assister aux obsèques de l’épouse d’Antoine (Roland Giraud, impérial de drôlerie). Déjà, le départ des deux premiers est une aventure. La suite ? Voilà que peu de temps après, Antoine se trouve en possession d’une lettre lui révélant que sa femme chérie a eu une liaison très étroite avec le PDG de l’usine voisine, Garan Serbier (Henri Guybet, toujours superlatif). Antoine décide derechef d’aller lui rendre une visite amicale… armé d’un fusil.
Le « crime » en question a eu lieu il y a 50 ans. Il faut dire que tout ce petit monde est dans un troisième âge avancé. Pierrot et Emile se rendent compte trop tard de l’expédition dans laquelle se lance leur ami de toujours. Peu importe, aidés de Sophie (Alice Pol déchaînée), la petite-fille d’Antoine, enceinte jusqu’aux dents, ils quittent leur Tarn adoré pour la Toscane où vit dans un palais somptueux le dénommé Garan Serbier, tentant d’éviter le pire à ce vieillard qui, comme le dit sa gouvernante « a rendu l’antenne ». Accrochez-vous car avec le Pierrot envoie du bois ! Pour le moins. Mais derrière cette comédie se cache un drame, une histoire de terrain de rugby labouré révélant en creux un secret enterré depuis le dernier conflit mondial. Le remord et la nostalgie font leur apparition et c’est là que le film, tout comme la BD, devient virtuose et nécessite ici de grands comédiens. Mission accomplie. Avec en plus des scènes anthologiques, dont celle mettant aux prises une joyeuse bande de touristes pour le moins « dans l’âge » et Sophie. Celle-ci va leur asséner une diatribe de son cru sacrément argumentée qui se conclut par ces mots sans appel : Vous êtes la pire génération de l’histoire de l’humanité ! A hurler de rire !!!
Laissez-vous tenter par ces Vieux Fourneaux, que vous ayez lu ou pas la BD, car, en fait, c’est un formidable condensé d’amitié et d’humanité.
Robert Pénavayre
Les Vieux Fourneaux – Réalisateur : Christophe Duthuron – Avec : Pierre Richard, Eddy Mitchell, Roland Giraud, Alice Pol…
Pierre Richard – L’hurluberlu magnifique
Rien ne prédestinait cet héritier d’un véritable empire industriel à se retrouver sur des planches ou devant une caméra. Rien si ce n’est la passion de la comédie. C’est d’ailleurs dans ce genre qu’il s’est taillé un costume à la mesure de son immense talent. Créant son personnage d’hurluberlu magnifique au cabaret, Pierre Richard débute au cinéma en 1967. Il a 33 ans. Depuis, ce comédien n’arrête pas. Avec près d’une centaine de films et de séries tv au compteur, il est l’octogénaire le plus bankable de tout le cinéma français. Chapeau l’artiste !