My Lady, un film de Richard Eyre
La confrontation d’une juge de la Haute Cour britannique et d’un adolescent refusant une transfusion sous des prétextes religieux est l’occasion d’une bouleversante rencontre.
Le dernier opus du réalisateur britannique Richard Eyre, adaptation d’un roman signé Ian McEwan (2014), nous plonge dans l’intimité d’une femme toute puissante au vue de la justice britannique : une juge de la Haute Cour. Fiona May est spécialisée dans les problèmes familiaux. Elle se donne corps et âme à son travail, mettant sérieusement en péril son couple, sans enfant. Un coup de fil la met sur une affaire d’une gravité maximum puisqu’il y va de la vie d’un adolescent, Adam, au seuil de sa majorité, fils d’un couple Témoins de Jéhovah. Adam a une leucémie exigeant, pour sa survie, une transfusion sanguine. Les parents s’y opposent. Tout comme Adam. Fiona May, en dehors de toute déontologie, décide d’aller visite le jeune malade à l’hôpital. C’est le début d’une rencontre qui va bouleverser ces deux êtres. Comprenant qu’Adam n’est pas forcément arcbouté sur les principes religieux de ses parents et s’appuyant sur la loi britannique de 1989, connue sous le nom de Children Act, une loi plaçant l’intérêt de l’enfant au-dessus de toute autre considération, Fiona May autorise la transfusion, offrant ainsi au jeune homme une possibilité de rémission. Tout irait donc pour le mieux, sauf que…
Ce film traite bien sûr de plusieurs sujets dont le moindre n’est pas le dangereux asservissement à des dogmes religieux, ici celui des Témoins de Jéhovah. D’autres thèmes affleurent, tel celui d’une vie personnelle totalement phagocytée par son travail. En corollaire de ce dernier, émerge celui de la conscience professionnelle. Comment faire comprendre à son conjoint, pourtant professeur de littérature, que la vie d’un gamin est plus importante qu’un double en tennis ? Au travers de cet exemple, il s’agit bien d’une réalité que vivent de nombreux couples. Au milieu de la pompe un brin archaïsante de la justice britannique (perruques, costumes moyenâgeux), Fiona May accomplit son destin : sauver des enfants. Fiona, c’est, bien sûr, Emma Thompson, impériale dans sa robe de justice, mais aussi bouleversante confrontée à des secrets intimes. Si Stanley Tucci, Mr May, fait figure ici de second rôle, il convient de souligner le plaisir de retrouver un tout jeune comédien qui nous a épaté dans le dernier Christopher Nolan : Dunkerque. Il s’agit de Fionn Whitehead. Il incarne Adam avec une profondeur de ton qui laisse subjugué. Ses regards perdus, ses mots qui n’osent dire, ses gestes à peine amorcés, tout cela et bien d’autres choses ne peuvent être que les témoins d’un grand talent. A suivre, évidemment. Au final, un film troublant, autant par les sujets abordés que par une interprétation plus que brillante.
Robert Pénavayre
Emma Thompson – La grande classe, à l’état pur
Les chats ne font pas… Emma est donc la fille d’un producteur tv et d’une actrice de théâtre. Ce sont la télévision et les planches théâtrales qui vont accueillir la toute jeune Emma Thompson pour ses débuts. En 1987, elle a alors 28 ans, elle rencontre Kenneth Branagh. Double coup de foudre puisque non seulement ils se marieront deux ans après (1989-1995) mais également le réalisateur lui proposera l’un des rôles principaux dans son film : Henri V. La suite, nous la connaissons. Emma jouera dans la plupart des films de son mari. Sa consécration planétaire arrive en 1992 avec l’Oscar de la Meilleure actrice pour Retour à Howards End. Enchaînant drames, blockbusters et comédies, cette comédienne britannique cultive un éclectisme pour le moins virtuose.