Au poste !, un film de Quentin Dupieux
Ce cinéaste, spécialisé dans les ambiances pour le moins décalées, nous entraîne cette fois dans un huis clos, celui d’un poste de police et plus particulièrement dans le bureau du commissaire Buron.
Face à lui, un pauvre gars, perdu, le dénommé Fugain, subit son interrogatoire. Dès les premières images et surtout les premières répliques, le sourire, voire plus, apparaît sur le visage des spectateurs. Facile de deviner qu’ils sont partis pour une heure, très exactement 73 minutes, d’un voyage en absurdie des plus jouissifs.
Il n’est rien de dire qu’ils ne seront pas déçus ! A part le duo précité, tenu de main de maître par un Benoît Poelvoorde (Buron) à son meilleur et un étonnant Grégoire Ludig (Fugain), peu de personnages, mais du lourd, de ces silhouettes qui vous plongent dans des abîmes insondables. Il en est ainsi de l’assistant de Buron, Philippe (épatant Marc Fraize) qui passe son temps à peaufiner une lettre de motivation pour entrer… dans la police. La charge contre nos valeureux policiers est énorme mais fait partie du jeu de massacre. Un jeu qui, d’ailleurs, met les méninges du public à rude contribution car le scénario nous mène vers des chemins de traverse où nous croisons des événements dont nous ignorerons jusqu’au bout la pertinence voire la réalité. Ce voyage dans le subconscient fantasmé de Fugain est d’une incroyable virtuosité scénaristique. Tout à la fois comédie brillante portée par des dialogues au scalpel et des comédiens formidables, mais aussi réflexion profonde sur une situation délicate (l’interrogatoire), le dernier opus de Quentin Dupieux flirte savamment avec un non-sens assumé et une loufoquerie irrésistible.
Précipitez-vous !
Robert Pénavayre