La reprise de la mise en scène de David McVicar n’est plus qu’une gesticulation bien fade, ambiguïtés, politiquement incorrect et symboles ont été gommés. Tito et Sesto restent désormais à bonne distance l’un de l’autre, plus d’étreinte passionnée, plus d’ultime baiser refusé.
En revanche le même Sesto cherche à enlacer et embrasser Vittelia à tout bout de champ et de chant. La complexité du dilemme ne s’exprime qu’à grands effets de parapheur violemment jeté à terre. Mais les ninja romains sont toujours là et toujours assidus dans leur pratique des kata en nito avec kiai et mines menaçantes. Et Vitellia est toujours fagotée.
Ces dames en pantalon, le Sesto de Rachel Frenkel et l ‘Annio de Julie Boulianne sont magnifiques. Inga Kalna a toutes les notes, et en particulier les terribles graves et d’émouvants piani, de Vittelia, mais pousse la puissance des aigus jusqu’au désagréable. Le Tito de Jeremy Ovenden inquiète au début avec une sorte de prudence et des fins de phrases comme évitées, mais convainc dans son air de dilemme. Le petit rôle de Servilia est admirablement tenu par Sabina Puértolas et Publio fait découvrir le talent d’Aimery Lefèvre dans la noiceur et l’extrême grave. C’est le sourire d’Attilio Cremonesi qui dirige très attentivement, chœur et orchestre surélevé parfaits, sublime cor de basset. Et on a l’immense plaisir de pouvoir, jusqu’au dernier rappel, applaudir les musiciens heureusement prisonniers de leur fosse.
Capitole, 24 juin 2018
Une chronique de Una Furtiva Lagrima.