Une prière avant l’aube, un film de Jean-Stéphane Sauvaire
Fidèlement adapté du best-seller autobiographique de William Moore : A Prayer before down (2014), le dernier opus de ce réalisateur est un uppercut magistral !
Il n’y a rien de plus vrai dans ce scénario. Et cela fait froid dans le dos. Le jeune Billy Moore, né à Liverpool, boxeur à ses heures mais aussi consommateur de drogues illicites, décide de se réfugier en Thaïlande pour tenter de fuir ses addictions. Mauvaise pioche.
Dans ce pays, il fait connaissance avec le ya-ba, méthamphétamine puissante et terriblement addictive. Pour se la procurer, il va intégrer le trafic local. Repéré par la police, il va écoper de trois ans de prison, et tant qu’à faire, celle de Klong Prem, un véritable enfer. Seul européen dans un univers peuplé de tueurs et de criminels de tous crins, il ne va devoir son salut qu’à la pratique d’un art martial particulièrement violent, dans lequel tous les coups sont permis : la boxe thaïlandaise. Sa hargne et son engagement physique le font reconnaître des entraîneurs et il sera sélectionné pour représenter la prison lors d’un affrontement national. Tout cela lui permettra de vivre une incarcération plus digne et, finalement, d’être transféré dans une prison britannique. C’est tout cela et bien d’êtres choses que nous raconte le dernier film de Jean-Stéphane Sauvaire. Et autant vous le dire tout de suite, ce réalisateur a opté pour un discours plus que réaliste. Afin de nous immerger dans cette barbarie officielle, il va en filmer, caméra à l’épaule, le plus cru, le plus violent, le plus viscéral. Dans cette cellule où s’entassent des dizaines de détenus à même le sol, sans intimité aucune, les occasions de frémir sont légion.
Ce qu’il filme aussi est une sorte de rédemption par l’épuisement physique, par la douleur. Billy le sait, il a besoin de franchir ses limites pour tenter de retrouver une forme de paix. Et l’on finit par avoir de l’empathie pour ce jeune au regard perdu dans un univers qui ne demande qu’à le dévorer. L’immersion pour le spectateur est d’autant plus violente que tout le dialogue n’est pas entièrement traduit, le mettant derechef à la place de Billy, incapable, au début, de comprendre le moindre mot de thaïlandais. C’est formidablement anxiogène. Jean-Stéphane Sauvaire décide aussi de capter les corps dans leur animalité la plus primaire. De dos, de face, de profil, plein cadre, dans les heurts les plus sanglants, ils forment un véritable défilé de souffrances et de peurs. Mais aussi de résistance et de volonté. Pour ajouter à la véracité du propos, le réalisateur a embauché des « comédiens » non professionnels, en fait d’anciens détenus de cette prison. Seul Billy est joué par un véritable acteur. Et quel acteur !
Le jeune Joe Cole est stupéfiant d’engagement physique. Conscient de l’opportunité que ce rôle offrait à sa jeune carrière, il s’est immergé corps et âme dans ce personnage, plongeant dans ses abîmes les plus sombres mais aussi dans son humanité retrouvée. Une sacrée performance.
A ne pas mettre devant tout public (interdit aux moins de 16 ans), ce film n’en demeure pas moins une formidable leçon de courage et de volonté.
Robert Pénavayre
Une prière avant l’aube – Réalisateur : Jean-Stéphane Sauvaire – Avec : Joe Cole…
Joe Cole – Un comédien sur lequel il faut compter
Avant tout, et jusqu’à présent, acteur de séries tv, ce pur londonien fait ses premiers pas professionnels en tant que mannequin puis, rapidement, se dirige vers sa passion première : le théâtre. Nul doute aujourd’hui que l’invitation de Jean-Stéphane Sauvaire à interpréter le rôle de Billy Moore ne constitue une étape majeure dans sa jeune carrière. Il a 30 ans ! A peine.