Elisabetta Rasy présentera son dernier roman, L’amie des jours en feu (Seuil), ce jeudi 7 juin à la librairie Ombres blanches.
Dans son dernier roman, Elisabetta Rasy mêle le récit du présent de la narratrice au passé historique. De la ville d’Essex, nous sommes transportés dans le Nord de l’Italie en 1917. La Première guerre mondiale a saisi toute l’Europe. L’Italie n’est pas épargnée dans ce conflit mondial. Alors soldats et jeunes femmes sont mobilisés. Les uns pour se battre, les autres pour soigner. Tous inexpérimentés sont confrontés très tôt à l’horreur.
Parmi cette génération, se trouvent deux jeunes filles, Eugenia et Maria Rosa. Rien sinon la guerre aurait pu réunir ces deux personnages si différents. Eugenia est issue d’une famille pauvre. Elle vit avec son père très aimant et est très courageuse et opiniâtre. Son désir le plus grand serait de devenir médecin. Eugenia travaille déjà dans un hôpital militaire lorsque Maria Rosa débarque sur le front. Eugenia a eu le temps de s’habituer à la puanteur, à la misère et aux images de guerre. Pour Maria Rosa s’est tout le contraire. Elle n’avait aucune vocation à soigner. Cette jeune fille de famille aisée vit avec sa mère. Les liens entre elles deux sont très complexes. Maria Rosa décide d’aller sur le front plus pour fuir cette mère qui veut la marier à tout prix que pour participer à une guerre atroce. Après une formation trop brève, la délicate napolitaine est horrifiée de ce qu’elle découvre.
Voilà comment Eugenia et Maria Rosa vont se retrouver à partager leur intimité au milieu des décombres. La rencontre est brève, froide et ne laisse pas présager une amitié à venir. Or, à force de côtoyer les mêmes souffrances, de vivre les mêmes peurs et de crainte pour l’avenir, les deux femmes se parlent, s’observent et laissent naître un sentiment fragile qui pourrait bien devenir un sentiment amoureux.
Elisabetta Rasy décrit avec beaucoup de douceur cette rencontre peu banale qui s’oppose à la brutalité d’un décor saccagé. L’auteur ne brûle pas les étapes pour sombrer dans une romance sentimentaliste, elle laisse au contraire les liens se tisser avec la complexité que cela suppose de s’aimer en de telles circonstances. C’est un portrait intime de la guerre qui nous est narré ainsi qu’un portrait de femmes qui cherchent à exister alors que seule la mort les environne.
Sylvie V.
Photo : Razy.E © S.Baroni
L’amie des jours en feu, Elisabetta Rasy, Seuil, 176 p.