Compte-rendu. Concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 26 Mai 2018. Ginastera. Saint-Saëns. Beethoven. Vincent. Lehninger.
Souffrant, Fazil Say pianiste hors normes, annoncé dans ce concert, a été remplacé par un tout jeune virtuose Guillaume Vincent en gardant le très complexe concerto de Saint-Saëns au programme. Nous saluons le courage et la détermination du jeune homme qui a relevé le défi de l’urgence avec art. Il lui a fallu tout le premier mouvement pour trouver ses marques en terme d’autorité et d’aisance, alors que la virtuosité sans faille était présente. Les deux derniers mouvements ont permis de gouter les qualités du jeune pianiste. Humour et légèreté se sont révélées dans le deuxième mouvement avec un toucher aérien du plus bel effet. Le dernier mouvement intense et dramatique a permis à Guillaume Vincent de démontrer sa puissance expressive et sa musicalité épanouie avec des doigts d’acier. De belles qualités que ce jeune pianiste saura certainement développer hors de cette situation de stress très particulière.
L’orchestre du Capitole a entrepris une grande révolution depuis la nomination de Tugan Sokhiev. La jeunesse et l’excellence des musiciens ce soir et la parité quasi parfaite prouve combien les recrutements ont été faits avec soin. L’augmentation du nombre de musiciens est notable, car sur la même période dans la fosse du Capitole l’Orchestre excellait dans le Macbeth de Verdi. Tant sur la plan symphonique qu’opératique, nous le savons, l’Orchestre du Capitole excelle. Les qualités solistiques et chambristes des musiciens ont particulièrement été mises en valeur dans la pièce concertante de Ginastera qui ouvrait le programme. Avec un début sidérant les auditeurs, la harpe de Gaëlle Thouvenin a formé un duo de rêve avec la chaleur du violoncelle de Sarah Iancu. La suite des variations a été d’une inspiration plus convenue mais a offert de beaux moments à pratiquement chaque soliste ou chef de pupitre. Tous les musiciens ont été parfaits.
Pour terminer le programme la septième symphonie de Beethoven a été joué avec brio et énergie. La direction de Marcelo Lehninger nous a semblé durant tout le concert d’une constante probité mais sans vraie personnalité. Chef souriant et heureux il laisse jouer l’orchestre sans proposer une interprétation personnelle. Si ce n’est pas bien gênant dans Ginastera qui est une œuvre écrite pour mettre en valeur les musiciens de l’orchestre. Dans Saint-Saëns et Beethoven c’est tout autre chose. Le manque de soutien du soliste dans le premier mouvement du concerto de Saint-Saëns a certainement participé, sinon expliqué la retenue de Guillaume Vincent. La symphonie n°7 de Beethoven si connue et dans des interprétations marquantes dans cette salle, a passé sans faire remarquer le chef… Un aimable concert que le public a chaleureusement applaudi pour l’engagement et la belle jeunesse des musiciens de l’orchestre et du soliste.
Hubert Stoecklin
Compte-rendu. Concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 26 Mai 2018. Alberto Ginastera (1916-1983) : Variations concertantes ; Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Concerto pour piano et orchestre n°2 en sol mineur, op.22 ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°7 en la majeur, op92. Guillaume Vincent, piano ; Marcelo Lehninger, direction musicale.