Si « prêtresse vaudou » vous intimide, regardez plutôt son sourire ! On nous la vend « musique du monde » mais, à l’écoute de son dernier opus blues-rock, on a tôt fait d’oublier les étiquettes inventées pour les bacs à disques. Moonlight Benjamin vient allumer les derniers feux de la saison Salle Nougaro. Transes haïtiennes par les racines, humeurs blues-rock d’acclimatée européenne, gros charisme en tout cas, on est sûr d’y prendre la charge pour amorcer l’été.
Nouvel albul SILTANE et concert ce vendredi 1er juin à la salle Nougaro de Toulouse
Oui, au diable les étiquettes ! Il est temps de recentrer sur les artistes qui, s’ils ont du cœur, c’est-à-dire du vécu, ont aussi de la voix et ne peuvent mieux exprimer que ce qu’ils sont.
Ainsi Moonlight Benjamin, Haïtienne de naissance et de luttes, âpres, sous la dictature Duvallier. On naît tous quelque part, mais aujourd’hui la dame est Toulousaine, et depuis une quinzaine d’années. Chanteuse par combat jadis, héraut des forces et de la culture de son pays résistant, devenue chanteuse par vocation. Vocation, un bien grand mot qui se révèle pourtant volontiers à ceux qui s’engagent à l’écoute d’eux-mêmes. Il ne s’applique pas qu’aux artistes, mais se réalise chez eux le jour où ils se reconnaissent pleinement dans une de leurs œuvres.
Dès lors ils n’ont plus qu’à être eux-mêmes, et ils le resteront, où qu’ils voyagent, quoi qu’ils chantent, écrivent, et jouent.
Après ses morceaux de bravoure enregistrés dans un énergique folklore haïtien, Moonlight Benjamin a connu de belles collaborations (citons le grand Omar Sosa) sur des projets mixtes qui ont fait dialoguer les cultures.
Et voici que, parce qu’elle est de son temps et qu’elle vit désormais en Europe, l’envie lui vient de chanter d’une façon qui exprime sa condition d’aujourd’hui. De la façon la plus naturelle, ses explorations avec le guitariste et arrangeur Matthis Pascaud n’ont parlé qu’en termes de couleurs, d’harmonies, de sons.
En sortie, certains taggent du voodo-rock à la sauce White Stripes ou Black Keys. Chacun sa sauce, sans doute celle-ci est-elle du genre Tabasco, en effet. Mais puisqu’elle ne peut être qu’elle-même, comme on ne peut se débarrasser d’un accent de pays même quand on monte à Paris, on entendra toujours dans les creux de la nouvelle musique électrique et saturée de Moonlight Benjamin des racines haïtiennes : Port-au-Prince et ses poètes, et mêmes des racines plus anciennes : celles du blues qui relie toutes les migrations d’Afrique.
Comme le blues du Bayou et du sud des States donné ce mardi 29 mai dans la même Salle Nougaro par Big Daddy Wilson.
Et au même endroit il y a une petite quinzaine, Noura Mint Seymali et son blues du désert de Mauritanie. Vous y étiez ? En voilà une qui a retourné la salle en 2/2. On l’attendait avec bienveillance dans la zone « folklore » et elle nous a allumés de ces transes rien moins que modernes – pour preuve un public composé en bonne partie de jeunes, habitués des DJ sets et autres recherches musicales pointues, venus en connaisseurs.
Et même si ce n’est pas revendiqué comme un manifeste, saluons cette programmation exemplaire de la Salle Nougaro à Toulouse qui donne à découvrir, dans des conditions de proximité avec les artistes étonnantes pour une grande salle, des musiques dont la sincérité ou l’exubérance n’ont d’égale que l’innovation et l’engagement.
Le tout nouvel album SILTANE et la tournée sont portés par la très toulousaine Ma-Case productions de François Bloque.
Le concert Salle Nougaro ce premier jour de juin aligne:
Moonlight Benjamin : chant – Claude Saturne : percussions – Marck Richard Mirand : basse – Matthis Pascaud : guitare – Bertrand Noel : batterie
PROCHAINES DATES DE CONCERT (lien sur site mis-à-jour): https://www.bandsintown.com/
Ma Case – Productions / François Bloque