Jeudi 7 juin, ce sera en DIRECT, au cinéma, que sur écran, vous retrouverez le plus russe des opéras, Boris Godounov de Modeste Petrovitch Moussorgski, pour le livret et la musique. L’ouvrage est donné à l’Opéra Bastille, sans entracte et sur cent trente minutes environ. Et sur écran au Mega CGR Blagnac et dans les salles du réseau CGR Events.
C’est la version primitive de 1869 qui a été choisie, dite en trois actes et sept parties ou tableaux, d’un dépouillement et d’une intensité extrêmes. Il y aura trois versions et de nombreuses adaptations, dont la plus connue est de Rimski-Korsakov, une de Chostakovitch très peu prisée, mais on revient de plus en plus fréquemment à celle de 1869. Et les écrits sont allés bon train. La version primitive est en train de prendre une éclatante revanche, et le compositeur avec.
L’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra national de Paris, ainsi que la Maîtrise des Hauts-de-Seine et le Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris sont sous la direction de Vladimir Jurowski, le Chef de chœurs étant José Luis Basso.
Question scénographie, la distribution est la suivante :
Mise en scène : Ivo Van Hove
Décors et lumières : Jan Versweyveld
Costumes : An D’Huys
Video : Tal Yarden
Dramaturgie Jan Vandenhouwe
Quant à la distribution vocale, elle est russe, russe, russe ! et comme dirait P.I. Tchaïkovski, russe jusqu’à la moelle des os ! le rôle titre étant tenu par la basse “phare“ du moment.
Boris Godounov, Ildar Abdrazakov
Fiodor, Evdokia Malevskaya
Xenia, Ruzan Mantashyan
La nourrice, Alexandra Durseneva
Le prince Chouiski, Maxim Paster
Andrei Chtchelkalov, Boris Pinkhasovich
Pimen, Ain Anger
Grigori Otrepiev, Dmitry Golovin
Vaarlam, Evgeny Nikitin
Missaïl, Peter Bronder
L’aubergiste, Elena Manistina
L’innocent, Vasily Efimov
Mitioukha, Mikhail Timoshenko
Un officier de police, Maxim Mikhailov
Un boyard, voix dans la foule, Luca Sannai
Les quatre opéras du compositeur gravitent autour de l’Histoire qu’ils révèlent sans jamais la parer d’aucune tranquillité factice. Avec omniprésence du peuple et sans intrigue sentimentale dans cet opéra qui met en scène le grand théâtre du monde autour d’un assassin malheureux et impuissant. « Le passé dans le présent, voilà ma tâche. Nous avons progressé ? Tu mens ! tant que le peuple ne peut se rendre compte à quelles machinations il se prête, tant qu’il n’a pas acquis la volonté de se prêter lui-même à l’un ou à l’autre dessein, il demeure figé sur place. » Dans Boris, comme protagonistes-phares, il y a donc le tsar et le peuple.
D’Anatole Lounartchaski, un Commissaire à la culture du gouvernement soviétique, indéboulonnable, de 1917 jusqu’à sa mort : « Le premier Boris correspondait assurément mieux à l’esprit de Moussorgski que le Boris définitif, drapé dans la soie et le satin, que livra l’instrumentation de Rimski-Korsakov, ruinant le premier de sa force originelle. (il a opté pour une sonorité opulente qui lisse et maquille à l’excès les innombrables ruptures et discontinuités inscrites délibérément par Moussorgski dans la texture musicale de son œuvre.) Je suis certain qu’il ne manquait ni de grossièretés, ni de rudesses, ni d’imperfections. (…) Le retour à la version primitive est notre devoir, et je suis convaincu que le plus génial des compositeurs russes nous récompensera par un plaisir infini d’avoir accompli ce devoir. » Extrait d’un article paru en 1926.
Mais après plusieurs adaptations, 1896, 1906, 1907, Rimski-Korsakov déclarera lui-même : « Lorsque viendra le moment où l’original apparaîtra comme meilleur ou plus important que ma révision, l’on rejettera ma version pour jouer Boris d’après la partition originale. »
Pour créer son Boris Godounov, si le compositeur s’inspire, en partie, de l’Histoire de l’Etat russe de Karamzine, c’est surtout de la pièce qu’Alexandre Pouchkine écrit dans les années 1824-25, dans laquelle il va puiser le thème principal de son drame. Dès ses seize ans, le dramaturge reconnaissait déjà, avec un instinct infaillible, la nature des conditions de vie qui régnaient dans l’Etat russe, et ce, dans son poème : « Peuple muet qu’on pousse, courbé dans la poussière, haïssant le tyran, mais craignant sa colère. » La tragédie réaliste shakespearienne relate donc l’histoire de Boris Godounov qui s’est emparé du trône des tsars en 1598 après avoir fait assassiner l’héritier légitime Dimitri. Mais, plus que Pouchkine, Moussorgski va s’attacher à faire du peuple, un protagoniste de premier plan, un contrepoids à la figure du tsar, proclamant : « Le peuple seul est authentique, entier, plein de grandeur et dépourvu d’artifice. »
Michel Grialou
Opéra National de Paris
Boris Godounov • Modeste Moussorgski
Diffusé en direct dans votre cinéma CGR
jeudi 07 juin 2018 à 20h00