Pierrot Corpel est un passionné. Un passionné de théâtre, de musique, et de spectacle vivant en général. Bien connu des Toulousains, depuis une vingtaine d’années, ses créations font grand bruit dans la Ville Rose, et au-delà. Aujourd’hui, il revient à ses premiers amours : le théâtre de troupe, le théâtre sur tréteaux, comme au temps de Molière. Toutefois, le metteur en scène aguerri ne reste pas enfermé dans un classicisme étouffant. Du 8 au 10 juin avec la Compagnie A, il lancera un nouveau rendez-vous qui lui tient particulièrement à cœur : « Les tréteaux du Capitole ».
« C’est un projet un peu fou, je n’osais presque pas y croire au début, mais il est bel et bien en train de se réaliser ! ». Ce projet, il a d’abord pris forme dans la tête des deux directeurs de l’hôtel ibis situé place du Capitole. Dans l’objectif d’animer la cour de leur hôtel, fraichement rénovée, le couple a demandé à la compagnie de Pierrot Corpel de proposer un spectacle qui puisse s’adapter aux conditions qu’imposait le lieu. Pour le metteur en scène : du pain béni ! Initié au théâtre de tréteaux et plus particulièrement à la Comédia Del Arte par son mentor Carlo Boso, ce projet a évidemment réveillé en lui de merveilleux souvenirs. Avec une autre compagnie, créée avec le dramaturge et metteur en scène italien, il s’était déjà frotté à l’exercice dans le cadre du festival « les tréteaux nomades ». Ici, il s’agit d’un nouveau concept, plus actuel, plus moderne, mais pas moins empreint de passion : « Cette année, nous proposerons uniquement des spectacles de la compagnie A. « Les Fâcheux » de Molière du 8 au 10 juin et « Les précieuses ridicules », un spectacle à succès de la compagnie, dans le cadre des journées du patrimoine ; toujours dans ce format de théâtre de tréteaux et dans des cours toulousaines. Mais pour moi, c’est important que ce rendez-vous se pérennise et que d’autres compagnies et d’autres disciplines puissent être valorisées, comme le chant, la danse ou la musique ».
Après ces premiers rendez-vous, à quelques pas seulement de la place du Capitole, Pierrot Corpel espère également partir à la découverte d’autres lieux de la ville de Toulouse, comme le jardin des Plantes ou les nombreuses autres cours que compte la ville. Mais il n’envisage pas non plus se limiter à la métropole toulousaine. Si des petits villages du département, ou pourquoi pas de la région, souhaitent accueillir les spectacles proposés, grâce au concept de tréteaux, ça sera possible ! Avec ce nouveau rendez-vous, il compte bien participer au partage et à la transmission de la culture.
Les Fâcheux pour inaugurer ce nouveau rendez-vous
Elle fût la première comédie-ballet écrite par Molière, en 1661. Et si le texte reste peu connu et peu monté aujourd’hui, du temps de son auteur ce n’était pas vraiment le cas… La pièce était l’une des plus jouées à la cours du Roi. En trois actes, « Les Fâcheux », c’est’histoire d’un défilé de toutes sortes d’importuns, qui empêchent Éraste de parler à Orphise, dont il est follement amoureux et dont il obtiendra finalement la main au dernier acte.
Ce texte, Pierrot Corpel n’a pas souhaité le revisiter. Il l’a conservé dans son intégralité, et le fait jouer en costumes d’époque. Il s’agit donc, d’avantage, d’une adaptation de la pièce – comme si Molière l’avait pensée de nos jours. De ce fait, la musique est très importante, et son metteur en scène, qui la joue en direct, met un point d’honneur à ce qu’elle épouse parfaitement l’intrigue et la scénographie. Nous assistons donc au mariage de la guitare électrique et de morceaux plus traditionnels. Les quatre comédiens interprètent quant à eux pas moins de quinze personnages. Comme au temps de Molière, les fâcheux sont tous joués par un seul et même comédien. Tout a été pensé dans les moindres détails, à commencé par le décor, impressionnant. Un rouage d’une horloge, massif, qui trône en fond de scène et qui rappelle à chaque instant ce temps qui passe et qui s’écoule sans s’arrêter.
Si ce spectacle se prête parfaitement au nouveau rendez-vous que met en place Pierrot Corpel « Les tréteaux du Capitole », il n’est pas voué à ce simple événement. En effet, durant tout le mois de juillet, les festivaliers de l’incontournable Off d’Avignon pourront retrouver ces Fâcheux tous les jours à 17 h 20 dans le réputé théâtre des Lucioles. Un festival que la compagnie connaît bien, elle y a notamment présenté ses deux premiers spectacles, « Les amants du Capitole » et « Les précieuses ridicules », à plusieurs reprises. Mais avant de s’envoler pour de nouvelles aventures, c’est bien à Toulouse que seront données les prochaines dates des Fâcheux. Des dates insolites, à ne pas manquer.
Régis DARO
« Les Fâcheux » de Molière
Par la Compagnie A, mise en scène de Pierrot Corpel
Dans le cadre du nouveau rendez-vous « Les Tréteaux du Capitole »
vendredi 08, samedi 09 et dimanche 10 juin 2018 • Hôtel Ibis centre Toulouse Capitole