En janvier dernier, Galin Stoev succédait à Agathe Mélinand et Laurent Pelly à la tête du Théâtre National de Toulouse. Aujourd’hui, presque six mois après sa prise de fonction, pleinement imprégné du lieu, de ses équipes, et des projets plein la tête… Le nouveau directeur nous a livré ses ambitions pour la nouvelle image et la nouvelle dynamique qu’il souhaite donner à ce lieu emblématique de la ville de la Toulouse.
« C’est la première fois que j’expérimente ce rôle de directeur. Je n’ai jamais dirigé de lieu jusqu’à présent, donc le stress était important les premiers temps. Mais c’est une découverte passionnante, dans un lieu magnifique ! J’ai été accueilli à bras ouverts par ces équipes de passionnés qui portent haut et fort les couleurs de leur théâtre. C’est une des grandes forces de ce lieu exceptionnel ! » Galin Stoev est attablé sur la terrasse du T.N.T . Dans quelques jours, il dévoilera au grand public son tout nouveau projet pour le théâtre. Un projet qui lui tient à coeur et qu’il a imaginé comme il imagine chacune de ses créations : « J’ai fait beaucoup de mise en scène sur les scènes françaises et pas seulement, mais j’avais envie, aujourd’hui, de quelque chose de moins éphémère. Je me suis dit que le moment était venu de me projeter, de m’enraciner dans un projet à long terme. J’ai abordé ma mission comme une création. Au cours de mes expériences en Allemagne, en Belgique, en Russie… J’ai glané le pour et le contre du fonctionnement de chaque structure. Je ne pense pas qu’il existe de modèle idéal, mais en tout cas, j’ai pu analyser les problèmes de chacun pour essayer de ne pas les reproduire. Ça demande beaucoup d’énergie… Mais c’est passionnant. »
Si Galin Stoev, bulgare d’origine, ne connaissait pas Toulouse, il a immédiatement était séduit par la ville et le champ des possibles qui s’ouvrait à lui. L’homme de théâtre n’avait pas envie de rester dans sa zone de confort. Il voulait avant tout se lancer des défis. Le premier sera de rendre le théâtre accessible à tous les publics ; de quels horizons ou âges qu’ils soient : « Le théâtre a été construit il y a 20 ans, avec une logique d’il y a 20 ans. Cela peut ressembler à un grand sanctuaire, et le hall illustre bien ce côté intimidant. Mais aujourd’hui, cette logique a changé. Le théâtre et l’art doivent être accessibles pour tout le monde, même pour ceux qui ne se sentent pas légitimes. C’est ce que je veux arriver à faire avec ce lieu, le restituer au public, à tous les publics. Et je pense que Toulouse est le bon endroit pour tenter l’aventure. La ville est très axée sur la recherche, l’expérimentation. On le voit avec l’université de recherche, les nouvelles technologies, l’aéronautique… Tout est donc réuni pour élaborer, ensemble et dans ces lieux, ce théâtre du futur. »
Le théâtre selon Galin Stoev, avant tout un lieu de vie
« Un restaurant ouvrira prochainement ses portes dans nos murs. Nous avons aussi cherché à fusionner ces différents espaces qui sont, le bar, le foyer, la partie restauration… Il faut que tout le monde trouve sa place et que le théâtre soit surtout convivial. À terme, nous souhaitions que le hall devienne lui aussi un véritable lieu de vie, avec un espace pour des concerts impromptus, une connexion wifi gratuite, et cétéra. Nous allons également fermer le petit théâtre, à l’accueil, et on va le rebaptiser « l’incubateur créatif ». Cela deviendra un lieu de création pour les compagnies en recherche d’espace. Mais au-delà du lieu qui leur permettra de créer les lumières, une mise en scène, ou de finaliser leur phase d’écriture… Nous allons véritablement les accompagner. Ils bénéficieront d’une aide sur-mesure, et appréciable. Enfin, nous avons déménagé nos bureaux du troisième étage, désormais nous nous serrons un peu tous au deuxième, et à la place de nos anciens bureaux seront créées des chambres pour ces artistes. Au lieu de louer de petits appartements en centre-ville, ils vivront complètement dans cette grande maison. Financièrement et artistiquement, je trouve que c’est une très bonne chose ! » Le projet de Galin Stoev est clair. L’homme de théâtre désire avant tout que sa structure vive, qu’elle soit un lieu de rencontre entre artistes de divers horizons, mais aussi entre publics de divers horizons. Il souhaite voir d’autres personnes franchir au moins le seuil du futur hall. Le nouveau directeur mise sur cet endroit du théâtre pour voir des jeunes se donner rendez-vous, prendre un verre et un jour, pourquoi pas, assister à un spectacle. Gain Stoev a remarqué que nombre d’entre eux se donnaient déjà rendez-vous devant les portes du théâtre pour s’adonner à de la danse de rue devant les grandes baies vitrées… L’objectif suivant est donc de leur faire découvrir l’intérieur du lieu. Pour ce faire, un journal, publié une fois par trimestre, tiendra le public informé de ce qu’il se passe entre les murs du théâtre, en plus de la traditionnelle brochure annuelle sur la programmation du lieu. Et puis, les réseaux sociaux seront également de plus en plus exploités, l’objectif étant de valoriser au maximum le travail proposé.
Mais le nouveau directeur n’est pas focalisé exclusivement sur son lieu, il voit aussi au-delà et pilote actuellement la mise en place d’un nouveau festival dans le Grand Toulouse et avec ses partenaires locaux. Ainsi, le Sorano, le Théâtre Garonne et bien d’autres structures abriteront les premiers balbutiements de « Jeu T’M ». Entendez « Jeu » pour le jeu d’acteur et « T’M » pour Toulouse Métropole. Il s’agit d’une biennale, où sur deux semaines des troupes internationales viendront proposer leurs créations, très peu vues en France. Un nouveau rendez-vous qui s’adresse aux particuliers comme aux professionnels.
Une université populaire, composée de spectateurs, sera aussi mise en place pour leur laisser la parole. Ils auront l’occasion de rencontrer des intervenants, en lien avec les spectacles donnés, mais pas forcément issus du monde du théâtre. L’objectif de Galin Stoev est de créer une sorte de melting-pot et de donner des outils de réflexion au public. Un public que le directeur replace au centre de la discussion. Un public de fidèles qu’il souhaite préserver, mais aussi voir s’élargir et interagir. La preuve, lundi 4 juin et jeudi 7 juin prochains, à 19h, assidus du TNT, passionnés de théâtre, ou simples curieux… Sont tous invités à venir partager un moment de convivialité 1 rue Pierre Baudis pour assister à la métamorphose du TNT en Théâtre de la Cité. Galin Stoev, entouré de toutes ses équipes, présentera plus en détail le tout nouveau projet du Centre Dramatique Toulouse Occitanie. La rencontre se clôturera par un pique-nique de rue. Présence à confirmer au 05 34 45 05 05.
Régis Daro
Galin Stoev © Tsvetelina Belutova