16e édition de Jazz en Comminges !
Depuis 2003, Saint-Gaudens devient le temps du pont de l’Ascension le point de ralliement de tous les amateurs de jazz de la région, drainant un public fidèle et de nouveaux spectateurs chaque année. Quinze ans après sa création, Jazz en Comminges présente sa 16e édition du 8 au 13 mai avec une programmation toujours aussi dense et variée, entre valeurs sûres de renommée internationale et jeunes talents émergents, tradition et avant-garde. Une volonté d’ouverture et de découverte qui fait du festival commingeois un grand événement populaire, s’adressant au fan averti comme au débutant, et la vitrine de tous les courants de la scène jazz actuelle.
Pour les curieux et les passionnés, plongée dans le programme de ce 16e rendez-vous de Jazz en Comminges.
Un IN tout en contrastes
On ne le sait peut-être pas assez mais Israël est depuis les années 1990 le creuset de plusieurs générations de jazzmen ayant fait carrière aux États-Unis puis dans le monde entier. Pionnier parmi ceux qui ont traversé l’Atlantique et un des meilleurs représentants du jazz israélien, le contrebassiste Omer Avital ouvre le IN du festival 2018. À New-York, il a accompagné Wynton Marsalis, Brad Mehldau, Kenny Garrett et forgé son propre style, créant un univers très personnel qui mêle jazz, inspirations afro-américaines, rythmes et couleurs des musiques traditionnelles arabo-orientales. Retrouvez-le avec ses quatre musiciens au Parc des Expositions mercredi 9 mai à 21h pour la soirée de lancement de cette 16e édition. Dépaysement garanti.
En seconde partie de soirée à 22h50, c’est une « fille de » qui prend le relais. Une « fille de » qui ne voulait pourtant pas suivre les traces de son illustre mère en faisant carrière dans le jazz puisqu’elle se rêva d’abord avocate avant de s’engager dans l’US Force et d’être mobilisée lors de la première guerre du golfe. Lisa Simone, fille de la grande Nina, a ensuite été actrice, a joué et chanté dans des comédies musicales. Une rencontre avec le guitariste sénégalais Hervé Samb la ramène finalement dans le sillon tracé par sa mère, celui où convergent toutes les musiques noires américaines, jazz en tête. Chanteuse du groupe formé avec Samb et deux autres musiciens (basse, batterie), elle propose au public saint-gaudinois un programme composé en grande partie des morceaux de l’album My World paru en 2016.
Le jazz israélien est encore à l’honneur jeudi 10 mai grâce au trompettiste Avishai Cohen (ne pas confondre avec son homonyme, le contrebassiste) en concert avec son quartet (trompette, piano, basse, percussions) à 21h. Troisième du concours de trompette de jazz Thelonious Monk alors qu’il n’avait pas vingt ans, ce jeune trentenaire a ensuite fait ses armes à New-York à l’instar d’Omer Avital. C’est d’ailleurs en sa compagnie qu’il a enregistré trois albums et constitué (avec le batteur Nasheet Waits) le trio Triveni. Fidèle à son modèle Miles Davis, Avishai Cohen s’inscrit dans un jazz qualifié de « classicisme post-bop » où son jeu dépouillé et la douceur du son de sa trompette rappellent que le silence est un élément essentiel de la musique. Un musicien à découvrir d’urgence pour tous ceux qui ne le connaissent pas encore.
Le même soir à 22h50, Jazz en Comminges accueille le Stanley Clarke Band. Pilier historique du jazz rock, le bassiste Stanley Clarke a commencé sa carrière auprès de musiciens aussi prestigieux qu’Art Blakey, Stan Getz ou Chick Corea. C’est avec ce dernier qu’il fonde en 1972 le groupe de jazz fusion Return to Forever, référence absolue pour tous les fans du genre. En 2010, il forme le Stanley Clarke Band auquel participait à l’origine la pianiste japonaise Hiromi programmée l’an dernier à Saint-Gaudens. Musicien formidablement novateur, Stanley Clarke a su intégrer au jazz le meilleur du rock et du funk. Tous les bassistes qui jouent dans un style fusion savent ce qu’ils lui doivent. Nul doute que son passage sur la scène du Parc des Expositions sera un des grands moments de l’édition 2018.
Seul musicien français tête d’affiche du IN de la 16e édition, le violoniste Jean-Luc Ponty (et son quartet) a rendez-vous avec le public commingeois vendredi 11 mai à 21h. Après une brillante formation classique ponctuée d’un premier prix de conservatoire, ce fils de musiciens prend définitivement le virage du jazz la vingtaine venue, obtient le prix Django-Reinhardt en 1967 et part pour les États-Unis deux ans plus tard. C’est là qu’il rencontre Frank Zappa en 1969, début d’une collaboration féconde qui durera cinq ans. Par la suite, Jean-Luc Ponty va accompagner des musiciens aussi différents que John McLaughlin, Chick Corea, Elton John, Stanley Clarke, Biréli Lagrène, Jon Anderson (chanteur du groupe Yes) et former le fameux trio HLP avec Daniel Humair et Eddy Louiss. Le parcours singulier de ce violoniste virtuose, entre jazz-rock, jazz fusion, free jazz et musique électro, lui a parfois valu les foudres des puristes. Il n’empêche, sa venue à Jazz en Comminges est un événement et une occasion à ne pas rater pour tous ceux qui aiment les musiciens hors normes.
À 22h50, ce sont Cory Henry & The Funk Apostles qui vont monter sur la scène du Parc des Expositions. Que de chemin parcouru pour le chanteur et organiste américain depuis son enfance à Brooklyn et ses débuts à l’âge de 19 ans en tant que sideman au sein du groupe de Kenny Garrett puis avec la formation hip-hop The Roots et Bruce Springsteen. Depuis 2012, Cory Henry est membre de Snarky Puppy, collectif de jazz-funk avec lequel il remporte le Grammy Award 2014 de la meilleure prestation R&B et celui du meilleur album instrumental contemporain en 2015. Cumulant les récompenses et les critiques élogieuses de la presse spécialisée, il est aujourd’hui unanimement reconnu comme un des plus grands virtuoses actuels de l’orgue Hammond. À Saint-Gaudens, il se produit avec son groupe de musiciens et choristes The Funk Apostles (« Les Apôtres du Funk ») pour un cocktail de blues, soul, R&B, afrobeat, gospel et jazz qui pourrait faire tourner bien des têtes…
Il est rare que Cuba et ses musiciens ne soient pas représentés à Jazz en Comminges. Cette année encore, la scène cubaine est à l’affiche en la personne du pianiste et chanteur Roberto Fonseca programmé avec son trio en ouverture de la dernière soirée du IN samedi 12 mai à 21h. Originaire de La Havane où il est né en 1975, ce talent précoce se révèle dès l’âge de 15 ans au Havana International Jazz Festival. À la fin des années 1990, il forme avec le saxophoniste Javier Zalba le groupe Temperamento puis rejoint en 2001 le légendaire Buena Vista Social Club d’Ibrahim Ferrer. Depuis lors, des collaborations prestigieuses et de nombreux enregistrements ont jalonné sa carrière. Sa nouvelle formation en trio lance sa première tournée à Jazz en Comminges avec un concert où l’on devrait retrouver la quintessence de son projet musical, une musique latine irriguée des influences jazz et classique dont Roberto Fonseca s’inspire depuis toujours.
Ultime invité de la programmation, Kamasi Washington a l’honneur de donner le concert de clôture du IN 2018 ce même samedi 12 mai à 22h50. Fer de lance d’une génération proposant une musique aux confins du jazz et des courants les plus modernes de la musique noire américaine, le saxophoniste californien est présenté par la critique comme une des figures les plus importantes de la scène d’aujourd’hui et de demain. Reconnu dans un premier temps pour ses collaborations avec des musiciens comme Ryan Adams, Snoop Dogg, Herbie Hancock, ou Nas & Lauryn Hill, Kamasi Washington a trouvé son style et sa voie qu’il trace désormais selon sa seule inspiration. En témoigne son dernier EP Harmony of Difference où il explore à sa manière les possibilités du contre-point. Assurément une des grandes curiosités de cette 16e édition.
Jazz au cœur de la ville, le OFF 2018
Reprenant la formule gagnante inaugurée l’année dernière, le festival OFF va investir divers lieux du centre de Saint-Gaudens pour amener la pulsation jazz au cœur de la ville. La programmation est organisée autour de deux pôles privilégiés : la Halle aux Grains (Maison du Festival) et la Scène-Centre ville, plusieurs podiums musicaux étant implantés à leur périphérie. Des dizaines de concerts sont annoncés ainsi que les habituels stages, master classes, ateliers, expositions, projections de films au cinéma Le Régent. Comme en 2017, des navettes gratuites sont mises à la disposition des festivaliers par la communauté de communes du Saint-Gaudinois pour faire le trajet entre le centre de Saint-Gaudens et le Parc des Expositions en contrebas de la ville.
En route pour le OFF 2018 !
À la Halle aux Grains (Maison du Festival)
C’était déjà le cas lors de l’édition précédente, le Mysteretrio Quartet ouvre le OFF mercredi 9 mai à 14h30. De sa naissance il y a un peu plus d’un siècle aux États-Unis à sa conquête de la planète entière, comment le jazz a-t-il grandi et évolué à travers le temps, les pays et les cultures ? Un concert pédagogique pour tous.
À 18h, au tour du Guillaume Ramaye Trio de monter sur scène. À la rencontre de trois jeunes musiciens réunionnais héritiers de la musique traditionnelle de leur île à laquelle ils ont intégré les influences du jazz et du gospel.
Le lendemain, jeudi 10 mai à 11h, Quai d’Oc Jazz offre aux nostalgiques un programme de standards du jazz ; tous ceux qui ont nourri ce groupe de multi-instrumentistes passionnés.
L’après-midi à 15h, rendez-vous avec le Rose Betty Klub et son jazz swing mêlé de rythm n’ blues, de boogie woogie, de rockabilly et de blues.
À 18h30, fin de journée avec le Sony Troupé quartet et les morceaux issus de Reflets denses, dernier album du groupe. Des compositions qui empruntent au gwo ka, au jazz caribéen et aux chansons créoles traditionnelles.
Vendredi 11 mai à 11h, le Socrate quartet : son trombone, sa guitare, son orgue et sa batterie, propose un groove mâtiné de jazz et de rock. Pour amateurs du (bon) mélange des genres.
C’est désormais un des grands rendez-vous du OFF, de 14h30 à 19h30 a lieu le Tremplin jeunes talents devant un jury constitué de professionnels, de spécialistes du jazz et de journalistes. Le groupe vainqueur sera invité lors du festival OFF 2019.
C’est justement samedi 12 mai à 11h qu’est programmé Minor League, quartet de jazz fusion de la région toulousaine gagnant du Tremplin du festival OFF 2017.
Le même jour à 16h, concert du Big Ben Trio dans la tradition des grands trios manouches. Le groupe reprend à sa façon très personnelle un répertoire qui va de Piaf à Django Reinhardt en passant par les chansons de Nougaro.
À 18h30 pour terminer l’après-midi, les cinq musiciens de Gramophone Stomp mettent aussi leurs pas dans ceux du quintette de Django Reinhardt. Outre les classiques du génial guitariste manouche, les plus célèbres standards chantés du swing américain et français des années 1930 sont également au programme.
Pour l’ultime journée du OFF dimanche 13 mai, un autre rendez-vous traditionnel à 11h avec le concert donné par les élèves des classes Cham (Classe à horaires aménagés) du collège Didier Daurat de Saint-Gaudens.
À leur suite et dans le même esprit, les participants de l’Atelier jazz Guy Lafitte dirigé par Wilfrid Arexis vont interpréter à 14h30 des standards de jazz et de musiques du monde.
À 16h30, le VV Quartet invite le public à un voyage à travers les différentes époques du jazz : une contrebasse, une batterie, un piano… et la voix sensuelle et chaleureuse de la chanteuse sicilienne Valeria Vitrano.
Fin de partie à 18h30 avec le concert du sextet toulousain Swing Bones et ses compositions (particulièrement bien) inspirées par les musiques de Duke Ellington ou Count Basie. Un final en beauté à la Halle aux Grains.
Scène – Centre ville
Jeudi 10 mai, le duo Mandiwa formé par le chanteur guitariste lozérien David Clavel et le saxophoniste allemand Dirk Vogeler inaugure ce nouveau lieu de rendez-vous au cœur de Saint-Gaudens avec une musique traditionnelle africaine mêlée de jazz et de blues.
L’œuvre de Django Reinhardt est encore à l’honneur vendredi 11 mai avec le Robin Escoudé Trio. Les guitares de Robin Escoudé et Pierre Kamlo Barré rivalisent d’imagination sur les standards du grand Django, délicatement accompagnées par la contrebasse d’Erige Cano.
Vendredi 11 et samedi 12 mai, les six musiciens de Sweet Peppers reprennent à leur manière, entre arrangements inédits et improvisations, des airs de Sidney Bechet, Louis Armstrong et Duke Ellington.
Samedi 12 mai, le trio de jazz acoustique Triple Juice présente un répertoire de compositions personnelles aux influences très diverses : swing, musique latine, jazz modal et jazz groove.
Toujours le samedi 12 mai, la formation toulousaine Les Fanflures BB déboule sur scène avec ses cuivres et son jazz funk New Orleans, mélange de l’énergie du funk et de la finesse du jazz New Orleans.
Et aussi, des podiums musicaux dans divers lieux de la ville… plateaux de choix pour un programme actualisé chaque matin en fonction des conditions atmosphériques. À surveiller avec attention.
Sans oublier…
Mardi 8 mai à 20h30 est programmé le ciné-concert de Christophe Chassol au cinéma Le Régent. Une vraie création au cours de laquelle le pianiste accompagne de courtes séquences vidéos de son choix, mettant l’image au service du son.
Du 30 avril au 13 mai, l’association RECUP’ART présente à la Médiathèque son exposition « La Route du jazz » composée d’œuvres à base de matériaux de récupération dans le cadre de l’engagement du festival pour le développement durable. Vernissage : vendredi 4 mai à 18h à l’espace expositions de la Médiathèque.
Comme il est de coutume, Jazz en Comminges propose un Stage–Masterclass du jeudi 10 au samedi 12 mai. Le stage est ouvert aux malvoyants/non-voyants et est animé par David Pautric, avec le soutien des professeurs du Conservatoire Guy Lafitte, chaque jour de 9h30 à 12h et de 14h à 16h à l’auditorium de la Médiathèque.
La masterclass est assurée cette année par Jean-Luc Ponty. Un concert de fin de stage ouvert au public est prévu samedi 12 mai de 16h à 17h, également à l’auditorium de la Médiathèque.
Autre tradition bien ancrée désormais, les Journées cinéma au Régent. Pendant quatre jours, trois films sur le thème du jazz sont projetés à des horaires différents à partir de 11h. Au programme cette année : Retour à Gorée de Pierre-Yves Borgeaud, Didier Lockwood et les Jazz Angels (en hommage au violoniste récemment décédé) et Whiplash de Damien Chazelle (tarif unique de 6 euros, consulter la programmation sur le site web du cinéma : www.cineregent.com).
Il faut noter aussi, parmi les propositions en marge du festival, l’apéro-concert du duo Mandiwa mercredi 9 mai à 18h30 au Centre d’Art Contemporain de la Chapelle Saint-Jacques, lieu de l’exposition « Aucun bâtiment n’est innocent » de Nicolas Daubanes (à voir jusqu’au 16 juin). Autre belle exposition à découvrir à l’Office de Tourisme, de photos celle-ci, « Le Comminges et le Jazz ».
Cette 16e édition confirme le choix des organisateurs de proposer une programmation originale plus que jamais ouverte à toutes les facettes du jazz actuel tout en conservant sa dimension humaine à Jazz en Comminges. Un pari relevé grâce à l’engagement de nombreux bénévoles, le soutien de la ville de Saint-Gaudens et celui de partenaires privés, ainsi qu’à une organisation sans failles saluée par les musiciens et les 15 000 spectateurs présents chaque année. C’est aussi du soutien du public que dépend l’avenir du festival, l’un des plus attachants de notre région tous genres musicaux confondus.
Soyez au rendez-vous, vous ne le regretterez pas.
Pour découvrir toute la programmation de Jazz en Comminges : www.jazzencomminges.com/programmation
Tarifs des concerts du IN, réservations et renseignements sur le site du festival : www.jazzencomminges.com