Réflexions futiles, choses vues et souvenirs inspirés par la ville et ceux que l’on y croise.
Il y a une journée sans Facebook, une journée sans portable, une journée sans tabac… À quand une journée sans vélos ?
Le jeune et déjà célèbre boucher du marché Victor Hugo, Bertrand Marty, a ouvert il y a peu son enseigne rue des Filatiers. Rue Bayard, ce sont les frères Desroches – Olivier, Pol et Vincent – qui ont inauguré voici quelques mois leur rutilante boucherie. Rue de la République, la nouvelle boulangerie Cyprien ne désemplit pas depuis son ouverture et prévoit déjà d’égrener d’autres établissements.
Les métiers de bouche font fureur. Les boulangers, les bouchers et autres artisans tiennent leur revanche sur l’injuste mépris social qu’ils ont longtemps subi. Ce sont les nouvelles stars, comme les chefs.
Les échos sur Ma biche sur le toit (quel nom curieux, pourquoi pas Ma poule sur le balcon ou Ma chatte à la fenêtre ?) sont tellement exécrables – du service au contenu des assiettes en passant par les additions – que cette mauvaise réputation aiguise ma curiosité. Cela ne peut pas être aussi terrible. Seul bémol chez les clients mécontents que j’ai rencontrés : la vue sur les toits de Toulouse. Superbe. Après les endroits « m’as-tu-vu », les endroits « l’as-tu-vu » ?
Si j’étais milliardaire, j’offrirais Marcos Rojo (18 millions d’euros), Sergej Milinković-Savić (55 millions d’euros) et Bafétimbi Gomis (4 millions d’euros) au TFC. Un joueur par ligne. D’après les estimations du site Transfermarkt, cela me reviendrait donc à 77 millions d’euros. Pour les salaires, le club se débrouillerait.
Avant la rencontre PSG / Real Madrid de Ligue des Champions, l’ancien entraîneur des Violets, Pascal Dupraz, appelait de ses vœux – comme tant d’autres – la qualification du club de la capitale et du Qatar face à la formation entraînée par Zidane. Encore raté. Même supporter, Dupraz porte la poisse. On attendait « La remontada », ce fut « La dégringolada », titre du journal La Provence le lendemain du match qui me fait toujours rire des semaines après.
Encore un écrivain toulousain : Francis Tabouret. Son nom semble sorti d’un album de Sempé, son métier d’un livre de Jean Rolin : convoyeur d’animaux (essentiellement des chevaux, mais à l’occasion des moutons et des taureaux) par avion ou bateau. Il vient de publier Traversée aux éditions P.O.L. On recommande.
J’ai l’impression que l’on a un peu oublié Claude Nougaro. Moins de quinze ans après sa mort (4 mars 2004), celui qui avait marié chanson française et musiques du monde, jazz et java, semble avoir disparu pour de bon. Les jeunes artistes – comme les moins jeunes – ne reprennent pas ses chansons. Ou alors, pire encore, ces reprises passent inaperçues. Ici, des prix Claude Nougaro sont décernés par le Conseil régional à des talents en herbe. Là, il a une statue. Ailleurs, une station de métro porte son nom. Il y a aussi une salle de concert, une esplanade Nougaro… C’est peu. Sa fille Cécile se débat depuis des années pour créer une « Maison Nougaro ». Son autre fille Théa a sorti récemment un CD illustré qui lui rend hommage.
J’avais eu le privilège de l’interviewer à plusieurs reprises. La première fois, c’était dans sa loge du Palais des Sports avant un concert (1995 ? 1996 ?) quelques semaines à peine après un double ou triple pontage coronarien dont il ne semblait porter aucun stigmate. La preuve : le verre de whisky bien tassé qu’il sirotait en répondant à mes questions. Presque dix ans auparavant, l’album Nougayork m’avait accompagné de ses rythmes funky et métalliques le long d’un triste automne 1987 marqué notamment par la découverte des bus à soufflets 148 menant à la faculté du Mirail déjà familière des grèves. J’écoutais et adorais Nougaro depuis des années déjà, mais cet album enregistré à New York marquait la rencontre entre mon chanteur français préféré et quelques-uns de mes musiciens américains préférés (Nile Rodgers, Marcus Miller, Mark Egan…) sous la férule du claviériste et compositeur français Philippe Saisse (une autre de mes idoles aperçue sur des disques de Bowie, des Stones ou d’Al Jarreau). Deux ans plus tard, en 1989, Nougaro sortait l’album Pacifique enregistré cette fois à Los Angeles avec des musiciens une fois de plus chers à mes oreilles : Jeff Porcaro, Paul Jackson Jr, Abraham Laboriel… Nougaro accompagné par Nile Rodgers, Marcus Miller ou Jeff Porcaro, c’était pour moi la fusion entre des univers musicaux aussi évidents que surprenants. Bien avant que Daft Punk choisisse à son tour de s’attacher les services de Nile Rodgers ou de Paul Jackson Jr pour Ramdon Access Memories.
Avant la sortie de Nougayork, où le « petit taureau » fait rimer sur Rythm’ flouze Al Jarreau et bel canto, j’avais vu le concert donné par Al Jarreau au Palais des Sports de Toulouse, en octobre 1986, dans la foulée de son album L Is For Lover piloté par Nile Rodgers et Philippe Saisse, futurs équipiers donc du Toulousain à New York. Une amie assistait également au concert, mais, elle, eût la chance d’accéder à la loge du chanteur américain après le spectacle. Elle y croisa Nougaro et prit une photo dont elle m’offrit un tirage. Tirage que j’ai conservé depuis bientôt trente-deux ans et qui illustre aujourd’hui cette chronique.
J’ai revu Claude Nougaro pour d’autres entretiens, notamment dans son appartement du quai de Tounis offrant évidemment une vue somptueuse sur la Garonne. Un jeudi matin, il m’accueillit en feuilletant le supplément littéraire du jour du Figaro. Nous parlâmes des écrivains français contemporains qu’il aimait. Je crois qu’il aurait préféré être écrivain, mais au-delà du chanteur, il reste un immense poète, pas très loin de Trenet. Une autre fois, un bel après-midi ensoleillé de printemps, il me fit écouter les bandes de son album studio à venir : L’Enfant phare. C’est sans doute mon album préféré de lui. Sa voix n’a jamais été aussi chaude et belle que sur Bras dessus bras dessous, Une rivière des Corbières, Allez les verts, Avec les anges ou La planète bleue. Faites-vous plaisir, écoutez-le.