Colombe Schneck signe un vibrant hommage sur son père dans Les Guerres de mon père aux Editions Stock.
« Les parents doivent tout à leur enfant »
Voici la phrase que répétait le père de l’auteur. Aujourd’hui, Colombe Schneck met en résonance cette phrase dans son dernier livre. A la frontière entre récit, fiction, histoire et témoignage, Colombe retrace la vie d’un homme fort : son père. Il n’est pas toujours facile de revenir sur le passé. D’écrire sur ce que l’on n’a pas vécu, mais qui nous a simplement été narré. Pourtant c’est le chemin que Colombe Schneck décide de prendre : celui du passé de son père. Un père autour duquel se tisse une histoire et des secrets. Alors il faut enquêter, questionner, chercher. L’auteur fait un travail minutieux, se rendant sur les lieux du passé, interrogeant les personnes qui ont connu son père. Elle construit peu à peu un patchwork d’indices et d’évènements qui progressivement raconte l’histoire de Gilbert.
De l’Histoire à l’histoire
Les guerres se mon père raconte la vie du petit Gilbert, mais aussi l’histoire du nazisme. De la peur et de la violence d’une époque. Partis se réfugier dans le sud, Gilbert et sa mère feront tout pour échapper aux rafles. Et par le plus grand des miracles, ils évitent le pire alors que d’autres n’auront pas cette chance. Mais la tension est toujours là, présente, la honte aussi. Heureusement, Gilbert croise des bienfaiteurs, des personnes d’exception qui, plus que le préserver, vont le sauver. Colombe Schneck dresse un portrait de ces héros inconnus qui ont gardé leur humanité. C’est donc l’histoire d’une France ravagée, divisée en deux qui est peinte. Mais c’est aussi l’histoire de Max, le père de Gilbert qui est mise en avant. (Une histoire hautement romanesque que l’auteur avait déjà reprise en 2006 dans l’Increvable Monsieur Schneck). Colombe raconte à nouveau l’assassinat mystérieux de Max en 1949. Elle met des mots pudiques sur les silences et les émotions intimes de son père. Un portrait de Paula, la grand-mère, la femme forte qui veut protéger son fils est également très émouvant.
L’écriture de l’intime
Ce n’est pas la première fois que Colombe Schneck écrit sur sa famille. D’abord, ce fut l’histoire de son grand-père, ensuite de celle d’une partie de sa famille qui fut déportée et, last but not least, celle du père. Il lui aura fallu attendre 30 ans après la mort de celui-ci pour écrire son parcours. Le récit est d’autant plus maitrisé, il est tendre, documenté, tout en étant fort et analysé sans parti pris ni jugement. Colombe Schneck regarde ces personnages réels avec bienveillance. Elle cherche à les comprendre sans jamais les juger. La lecture en est plus qu’agréable et intelligente.
Sylvie V.
Les Guerres de mon père, Colombe Schneck, Editions Stock, 306p.