Les soirées se bousculent, et vous ne pourrez pas tout faire. Les choix vont être difficiles. Après deux représentations, et pas une de plus, de l’Orphée et Eurydice de Gluck, en version concert, au Théâtre du Capitole, avec le magnifique Orphée du ténor canadien Frédéric Antoun, l’Auditorium de Saint-Pierre des Cuisines vous attend dès le lundi 26 février.
C’est à 20h, avec Les Clefs de Saint-Pierre. Sont présents pour ce concert de musique de chambre, des musiciennes de L’Orchestre National du Capitole, en pleine forme en ce moment, la violoncelliste Sarah Iancu, l’altiste Juliette Gil, et les violons de Sharon Roffman et Edwige Farenc, une formation 100% féminine pour un programme 100% masculin !
En effet, Darius Milhaud ouvre avec son Quatuor n°1, op.5 dédié à Paul Cézanne. On sait qu’il en écrira 18, autant que Beethoven, par défi à lui-même. Dix-sept minutes de musique écrite à la mémoire du peintre qu’il appréciait fort. Il sera suivi par Henri Dutilleux et son Quatuor « Ainsi la nuit », dont la construction ne manquera pas de vous étonner avec les différentes parties, mouvements ou parenthèses, se jouant sans interruption sauf une pause. Comme le compositeur, vous devez entrevoir l’unité de la partition et affirmer avec lui : « Tout se transforme insensiblement en une sorte de vision nocturne, d’où le titre. » On termine avec Claude Debussy et son Quatuor en sol mineur, op.10, ce qui restera son unique quatuor, « premier et unique essai, sans conteste une réussite » a-t-il été écrit alors.
Le lendemain, mardi 27, à 21h attention !! nous sommes toujours à Saint-Pierre, dans le cadre de la Saison Bleue. Nous passons à des œuvres pour trio. Et pas des moindres, puisque ce sont trois trios de Ludwig van Beethoven, dans l’ordre :
n°1 en mi bémol majeur, op.1,
n°4 en si bémol majeur, op.11,
n°5 en ré majeur « Geister-Trio », op.70 n°1
Du dernier, un certain E.T.A. Hoffmann n’a-t-il pas écrit : « cet op.70 n°1 est, en un langage sublime, l’expression d’une joie sereine venue d’un monde inconnu. » « Trio des esprits ou encore « Trio des fantômes », ce Geister-Trio tire son titre du thème du Largo médian, le largo assai ed espressivo, cantilène mélancolique sans forme très définie. Un trio toujours très sujet à analyses.
Pour vous interpréter ces trois pages, c’est un trio de choc constitué par, autour du violoncelle d’Anne Gastinel, le violon de David Grimal et le piano de Philippe Cassard. Dans un autre article déjà paru, Serge Chauzy vous a raconté tout le bien que l’on peut penser de chacun des trois interprètes qui se sont réunis pour cette occasion.
Sans changer de lieu, sautons au lundi 19 mars pour des duos, duo pour violoncelle et piano, et là, nous sommes dans le cadre du Cycle Grands Interprètes. C’est à 20h, avec deux jeunes talentueux, nouvelle génération comme on dit, j’ai nommé le pianiste David Kadouch et le violoncelliste Edgar Moreau. Ces deux jeunes musiciens de niveau superlatif accumulent déjà des galons internationaux en tant que soliste, et en musique de chambre aussi, jouant déjà dans les enceintes les plus prestigieuses, entourés de musiciens de renom, très sollicités par les plus grands. De magnifiques carrières, déjà.
Vous devinez que nous sommes ravis de les entendre dans ces œuvres françaises, un concert qui débute par la Sonate pour violon et piano de César Frank, chef-d’œuvre incontestable de la musique de chambre française. Avec arrangement pour violoncelle, elle est en quatre mouvements, d’une durée de presque la demie heure. Elle est suivie de celle de Francis Poulenc, plus confidentielle. Le concert se termine avec une rareté, la Grande Sonate dramatique Titus et Bérénice pour violoncelle et piano de Rita Strohl, grande fresque dramatique de trente-cinq minutes, inspirée de Racine, gentiment en sommeil depuis plus de cent vingt ans, et qui, affirment nos deux musiciens, méritait fort qu’on l’exhumât. Elle fut publiée en 1892. L’œuvre se signale par ses violents contrastes et son grand souffle expressif, obtenus au moyen d’écritures amples et très variées, une écriture qui correspond fort, sûrement, au tempérament de nos deux musiciens. C’est aussi le moment pour nous de réviser nos classiques et plus particulièrement Racine !
Petit détour sur les bords de Garonne, au Théâtre Garonne, dans le cadre de musique 360°, c’est un programme Musique d’Europe de l’Est et de Russie. Deux dates pour illustrer le propos :
– le dimanche 4 mars à 17h en partenariat avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, quatre musiciens de cette formation se retrouvent pour les œuvres qui suivent. Ce sont, Daniel Rossignol et Mary Randles au violon, Bruno Dubarry à l’alto et Sarah Iancu au violoncelle.
Leos Janacek : Quatuor n° 1 ‘’Sonate à Kreuzer’’
George Enesco : Aubade pour trio à cordes
Belà Bartok : Hungarian folk melodies pour violon et violoncelle
Igor Stravinsky : Double canon « Raoul Dufy in memoriam »
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n°8
– le lundi 12 mars à 20h 30 avec le Trio Les Esprits. Ils sont aujourd’hui un des trios les plus demandés de leur génération. Dès leurs toutes premières rencontres, c’est une véritable amitié musicale qui s’installe entre le pianiste Adam Laloum, la violoniste Mi-sa Yang et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière. Cette complicité se confirme lors de leur premier concert en 2009, à la suite duquel ils décident de former le Trio les Esprits. C’est chose faite en 2012. On peut supposer qu’ils se sont inspirés du « Geister-Trio » que nous avons tout loisir d’entendre à Saint-Pierre joué par un autre trio et dont il est question au-dessus.
Parallèlement à une activité individuelle soutenue pour chacun d’eux, Adam Laloum, 1er Prix du Concours Clara Haskil, Victor Julien-Laferrière, 1er Prix du Concours Reine Elisabeth, Mi-sa Yang, 1er Prix du Concours Yehudi Menuhin, s’épanouissent naturellement depuis toujours dans la pratique de la musique de chambre. On a pu lire récemment les propos suivants : « Musiciens solides et complets, ils entretiennent une amitié nourrie d’estime réciproque qui donne d’éblouissants résultats musicaux. » Mais encore : « Il y a de l’énergie, de l’incandescence et de la grâce dans la fusion de ces voix instrumentales. Et une perfection technique qui ne prend jamais le pas sur la qualité et la sincérité de l’expression. »
Tout ce que nous retrouverons sûrement dans l’interprétation des œuvres choisies suivantes :
Leos Janacek: Pohádka (un conte) pour violoncelle et piano
Igor Stravinsky : Divertimento pour violon et piano d’après le ballet « le baiser de la fée »
Zoltan Kodaly : duo pour violon et violoncelle op.7
Dimitri Chostakovitch : trio pour violon et violoncelle op.8
Anton Dvorak : trio pour violon et violoncelle op.65
Saint-Pierre toujours, le mercredi 7 mars à 21h, il sera seul notre ami Jean-François Zygel, avec son piano, tout de même, l’artiste qu’on ne présente plus, devenu un familier de tous ceux qui portent un peu d’intérêt à toutes les formes de la musique classique. Il présente ce soir là le dernier volet de son Journal intime # 3. Intitulée Mon Mozart et moi, la dernière prestation à la Halle du pianiste compositeur et improvisateur fut très courue et fit un tabac. Il en sera de même pour ce rendez-vous, n’en doutons pas.
La Saison bleue investit un nouveau lieu, ma fois, très confortable, l’Auditorium Jean Cassou au Musée Les Abattoirs. Les musiciens présents sont, le violon de Nathan Mierdl, le violoncelle de Christine Lee et le piano de Jonathan Fournel. Ce cher Claude Debussy nous a quitté il y a cent ans et donc, le centenaire de sa disparition est l’occasion de le trouver à l’affiche de moult manifestations. C’est pour le mardi 6 mars à 18h15 dans le cadre des Mardis bleus. Tout Monsieur Croche donc avec le programme intitulé, Claude Debussy, de la jeunesse aux dernières années et comportant les œuvres suivantes :
Sonate n°1 pour violoncelle et piano en ré mineur
Trois Etudes pour piano
Sonate n°3 pour violon et piano en sol mineur
Trio pour violon, violoncelle et piano en sol majeur
Saison bleue, Notes du traducteur, Philippe Cassard, Auditorium Les Abattoirs, un mardi évidemment, séance en double exemplaire 18h15 & 21h c’est pour le 6 mars. Faut-il présenter le pianiste ? non ! c’est déjà fait lors d’articles précédents et Serge Chauzy a remis ça très récemment. Le personnage, dans le monde du piano, est à sa manière incontournable. Il peut vous entretenir deux heures d’affilée, comme il a pu le faire sur une seule œuvre avec le concerto n°1 de Brahms, sans une seule minute de pédanterie ou de divagation musicologique inintéressante. Il joue Debussy, il a enregistré Debussy, pas hier mais pour certaines pièces il y a plusieurs années. Il n’a pas attendu ses 75 ans, comme d’autres. Le récital s’intitule : Dans le cadre du 100è anniversaire de la mort de Claude Debussy. Claude de France sera entouré de Stravinsky, Bartok, Evans.
Michel Grialou
Les Clefs de Saint-Pierre • Réservations
La Saison Bleue • Réservations
Les Grands Interprètes • Réservations
Théâtre Garonne • Réservations