L’Apparition, un film de Xavier Giannoli
Pour son septième film, ce réalisateur nous lance dans une commission d’enquête canonique. Traduction : réunion de personnes appartenant ou pas au milieu clérical afin de déterminer si certains événements, ici une apparition, peuvent être certifiés par l’Eglise.
Pour l’heure, il s’agit, mais c’est totalement romancé, d’une apparition survenue dans le Sud de la France et révélée par Anna, jeune fille de 18 ans à qui la Vierge Marie serait donc apparue.
C’est le genre d’histoire dont l’Eglise à horreur tant elle bouscule le principe même de la Foi qui s’inscrit dans le doute. Quoi qu’il en soit, et fort de ses antécédents de grand reporter de guerre, Jacques (fascinant Vincent Lindon) est invité par le Vatican à mener la fameuse enquête canonique. Il va bien sûr rencontrer Anna (la découverte Galatea Bellugi) et tenter de se faire une idée factuelle des événements. Sur son chemin, le Père Borodine sera un obstacle tant il surprotège la « voyante ». Jacques croisera aussi Anton Meyer, un charlatan ayant vite compris le business afférant à cette apparition. Mais le plus inquiétant est l’afflux exponentiel de pèlerins sur les lieux de l’apparition, dans ce petit village montagnard, une masse humaine qui n’est pas loin à présent de représenter un trouble à l’ordre public. En véritable journaliste d’investigation, Jacques finira par réunir des preuves qui l’amèneront beaucoup plus loin qu’il ne l’aurait pensé, remettant en cause sa position devant le fait religieux.
Xavier Giannoli a écrit ce film pour Vincent Lindon, son regard aux eaux profondes, ses doutes personnels et réels face à la Foi. Il porte le film sur ses épaules, un film un peu long mais dont le temps qu’il distille laisse à la réflexion le soin de s’installer. En fait un film qui met en scène la position plus que prudente de l’Eglise devant ces phénomènes soit miraculeux, soit apparitionnaires. Xavier Giannoli traite de ce sujet hyper-délicat avec une caméra quasiment documentaire, sans pathos ni empathie particulière. Sans vous raconter le twist final, ce ne serait pas charitable, soulignons tout de même le terriblement émouvant plan final, lorsque Jacques se retrouve sur le théâtre de guerre à l’endroit précis où son camarade fut tué net à ses côtés, quelques mois auparavant…
Robert Pénavayre
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Vincent Lindon – Attention : icône !
S’il n’hésite pas aujourd’hui à figurer dans des films dits sociaux, ce fils de très bonne famille, natif du Pas-de-Calais, paraît pour la première fois devant une caméra dans le rôle d’un inspecteur (Le Faucon, de Paul Boujenah en 1983). Il a alors 24 ans. Vite repéré sous ses airs de chien battu, il est appelé dans la foulée par Bertrand Blier, Jean-Jacques Beineix et Claude Sautet, pour finalement arriver en tête d’affiche grâce à Claude Pinoteau (L’Etudiante, 1988). Il est depuis devenu la coqueluche du cinéma français. Entre nominations prestigieuses et récompenses qui ne le sont pas moins, dont le Prix d’Interprétation Masculine Cannes 2015 (La Loi du Marché), Vincent Lindon trace un sillon d’ores et déjà indélébile dans l’histoire du 7ème art hexagonal.