Arthur H sort son dixième album : Amour chien fou. Il s’y affirme comme le chanteur de l’amour vrai. Celui qui rampe, qui vole, qui cogne, qui clamse. Le jeudi 8 mars, il sera sur la scène du Bikini. L’occasion de lui proposer une espèce de questionnaire de Proust… amoureux !
« L’amour est un chien fou qui court sur l’autoroute » (“Amour chien fou”). À elle seule, cette phrase résume le dixième album de celui dont l’on ne prononce pas le nom de famille. Il y est un chien errant, d’abord rampant sa gueule contre le béton, ensuite remuant la queue sans arrêt. Cet album est double : le premier disque est une longue ballade mélancolique, le second une transe qui déchaîne. Aux pleurs succède la liesse. L’artiste ayant dépassé le demi-siècle effectue des révérences en direction de l’un de ses maîtres : « le roi Cohen » (“Sous les étoiles à Montreal”). Il arpente, inquiet, la scène oubliée de la chanson française. Comme si le théâtre était en ruine, comme si le monde était défait, le chanteur hurle son amour pour ne pas être complètement noyé dans le grain bain de l’internet.
Cet album est une œuvre longue, interminable pour certains, dense, incompréhensibles pour d’autres, mais est une œuvre, une vraie. La chose est suffisamment rare aujourd’hui pour être soulignée.
Cherchant à dévoiler quelques parts d’ombres de cet éternel amoureux du monde, des choses et (surtout) des femmes, nous lui avons proposé un petit questionnaire particulier…
Quel a été ton premier amour musical ?
C’était les Beatles. Dès dix ans, ils sont devenus ma passion. J’étalais leurs vinyles dans ma chambre, les regardais amoureusement. Ce groupe est un truc magique qui se refile de génération en génération.
Quel est ton dernier coup de foudre musical ?
Le compositeur russe Sergueï Rachmaninov, mort il y a 75 ans, interprété par le pianiste Nikolai Lugansky (russe lui aussi !). Cela donne des orages maîtrisés, des montagnes russes complètement jouissives…
Quels sont les auteurs dont tu es amoureux ?
Il y a Jim Morrison, le chanteur des Doors. Aussi Ghérasim Luca, poète franco-roumain du siècle dernier, dont j’ai en musique le poème « Prendre corps ». Enfin, Leonard Cohen. Je suis sans doute très gay-friendly !
Quelle a été l’oeuvre qui t’a fait croire en l’amour ?
Dallas ! La série télé américaine des années 80. JR et Sue Ellen y forment un couple mythique. Lui, méchant mari adultère et elle, femme au foyer alcoolique.
Quels sont les artistes que tu aimerais aimer mais dont tu es éloigné ?
Le dramaturge anglais Shakespeare et le poète de la Grèce antique Homère. J’aimerais les connaître mais je crois que ça ne sera pas possible !
De quelles héroïnes es-tu amoureux ?
De la déesse Vénus, peinte par Boticelli (La Naissance de Vénus). Et aussi Nastassja Kinski, l’actrice allemande de One from the heart de Francis Ford Coppola. Toutes les deux, elles incarnent une forme d’innonce. Bien sûr, il y a aussi ma femme. C’est mon héroïne officielle. L’amour permet une mystification magique. Elle me rêve en acrobate, je la rêve en déesse. Cette illusion fantasmatique est un aspect magnifique de l’amour.
Quelle est la région du monde de ton coeur ?
La Papouasie, île dans l’Océan Pacifique au nord de l’Australie. Je suis un primitif papou frustré. Je comprends tout à fait ce qui a pu motiver Stevenson ou Gauguin. Tout quitter pour chercher une autre façon de sentir.
Quelles qualités aimes-tu le plus ?
Celles du coeur. La simplicité, la douceur, la joie, la jouissance…
Quel est le défaut dont tu es amoureux ?
Une femme très belle et qui doute de sa beauté.
Quel est ton premier souvenir d’amour ?
Tremblements et frayeur devant le bel inconnu.
Quelle chose n’as-tu jamais aimée ?
J’allais dire la junk food et la télé-réalité… mais ça n’est pas tout à fait vrai. Je les ai aimées… Je crois que l’on peut absolument tout aimer.
De quels mots es-tu amoureux ?
Ornithorynque, fusée, robe, fesse, planète… Il y en a beaucoup trop !
Quels mots parlent le mieux d’amour ?
« Tu montes chéri ? »
Un article de Longueur d’Ondes