L’échange des princesses, un film de Marc Dugain
Depuis la plus haute antiquité, des échanges d’enfants royaux visant à calmer les ardeurs belliqueuses des grands de ce monde, ont eu lieu. Sous couvert de mariages, la France de 1721 va connaître un énième avatar de ce sordide marchandage. Deux royaumes s’affrontent depuis des décennies : l’Espagne et la France.
Ils s’affrontent et s’épuisent financièrement. Lors d’une relative trêve, le Régent Philippe d’Orléans manigance un échange de princesses. D’un côté, il expédie sa propre fille, Mademoiselle de Montpensier, 12 ans, dans les bras de Don Luis, 14 ans, fils de Philippe V d’Espagne. De l’autre côté et en échange, ce dernier envoie dans notre beau royaume sa fille Anna Maria Victoria, 4 ans, épouser rien moins que Louis XV, 11 ans ! Entre maladies mortelles et mauvais caractère, raisons d’état et autres sujets sensibles, l’opération tournera au fiasco. Loin de toute reconstitution fastueuse, Marc Dugain s’attache aux pas de ces jeunes enfants, à leur intimité, leur désarroi, leur panique face à une tâche pour laquelle ils n’ont pas la carrure. Simples pions entre les mains d’adultes aux visées parfois équivoques, ils ne sont que la malheureuse quintessence de la manipulation politique.
Ce film peut paraître un brin didactique, certes, mais les images et les éclairages sont superbes. Les acteurs sont magnifiques d’engagement, les jeunes surtout. Dommage alors que deux rôles, adultes, importants, aient été confiés à Lambert Wilson (Philippe V) et Olivier Gourmet (Philippe d’Orléans), deux comédiens trop connus pour être crédibles sous leurs perruques dans des rôles aussi puissamment historiques. Ridicules en fait, d’autant que le premier nommé en fait des tonnes… Saluons tout de même, car là est le vrai talent, Catherine Mouchet (Madame de Ventadour) et Andréa Ferréol en Princesse Palatine.
Robert Pénavayre