|
Compte rendu concert. Toulouse. La Halle-aux-Grains, le 15 décembre 2017. Cherubini. Rossini. Orchestre National du Capitole de Toulouse. Chœurs du Capitole. Giacomo Sagripanti.
Ce concert a été consacré à deux Italiens ayant conquis Paris tant officiellement qu’artistiquement au début du XIX iéme siècle mais que tout oppose. Cherubini a régné en maitre au Conservatoire a traversé la révolution sans proposer de formes musicales révolutionnaires finissant sa vie en représentant le conservatisme. Le bouillonnant Hector Berlioz eut maille à partir avec lui. Rossini a régné au Théâtre des Italiens après avoir conquis sa péninsule natale. Il a su s’adapter au Grand Opéra à la française puis dans sa deuxième partie de vie a su être l’hôte de choix des salons parisiens les plus huppés.
La symphonie en ré de Cherubini qui ouvrait le programme est bien construite et efficace. Elle a le malheur de venir entre d’un coté Haydn et Mozart et de l’autre Beethoven. Rien ne permet de dénigrer cette œuvre de plus de 30 minutes mais rien d’original ou d’émouvant ne permettra de dépasser l’écoute agréable d’une musique qui avance avec facilité. Cherubini est ici un habile faiseur mais sans trace de génie. L’Orchestre du Capitole joue d’ailleurs avec prudence sous une direction plus soucieuse de mise en place que d’interprétation. La main gauche de Giacomo Sagripanti étant très peu impliquée.
Stabat Mater de Rossini de toute beauté à Toulouse
En deuxième partie le chœur du Capitole prend place, ce soir augmenté pour arriver à plus de 60 choristes. Le Stabat Mater de Rossini suffirait à un concert tant il est plein d’une théâtralité débridée mais il ne dure pas aussi longtemps qu’un opéra. Pourtant nous avons ce soir vécu un voyage vers l’opéra italien de la manière la plus brillante possible. La direction de Giacomo Sagripanti est pleine de tension et d’énergie. Le chef italien obtient de l’orchestre, des chœurs et des solistes une implication maximale. Cette interprétation est pleine de ferveur, de drame extraverti et de tension dramatique.
Les solistes ont tous les quatre des voix bien projetées et fortement colorées. L’émotion sera portée par la belle voix de la mezzo Chiara Amaru au timbre mordoré. Le ténor, Edgardo Rocha est présent avec un chant extraverti. La soprano, Erika Grimaldi au timbre corsé passe bien la puissance des tutti en vraie prima donna. La basse, Krzysztof Baczyk, a une belle présence même si ses interventions sont moins exposées que celles des voix aiguës. Le choeur semble particulièrement investi et avec de très belles couleurs et des nuances très creusées il sait rendre hommage aux belles pages concoctées par Rossini. Il connaissait le répertoire liturgique des anciens, ainsi il a écrit fugues et a capella avec virtuosité. Rien ne manque avec en plus cet esprit toujours malicieux si caractéristique. Rossini n’a jamais caché qu’il réservait ce Stabat Mater au théâtre et au concert. Ce soir cet esprit virtuose et brillant a été magnifiquement offert au public avec un final absolument enthousiasmant. Ainsi les Amen et Sempiternam répétés à satiété et fortissimo ont résonné longtemps comme un hymne au bonheur, avec comme une pointe de révolte.
Une très belle interprétation avec la théâtralité attendue et des forces capitolines au diapason de la direction enflammée du chef italien grand connaisseur de Rossini.
Hubert Stoecklin
Compte rendu concert. Toulouse. La Halle-aux-Grains, le 15 décembre 2017. Luigi Cherubini (1760-1842) : Symphonie en ré majeur ; Gioachino Rossini (1792-1868) : Stabat Mater. Erika Grimaldi, soprano ; Chiara Amaru, mezzo-soprano ; Edgardo Rocha, ténor ; Krzysztof Baczyk, basse ; Orchestre national du Capitole de Toulouse. Chœurs du Capitole, direction Alfonso Caiani. Direction, Giacomo Sagripanti.
Commentaires sur ce concert dans l’émission Mélomanies sur radio Présence par Eric Duprix