Depuis le 29 septembre et jusqu’au 21 janvier 2018, a lieu une exposition exceptionnelle au Musée des Abattoirs, elle s’intitule simplement « Medellín, une histoire colombienne, des années 1950 à aujourd’hui ».
« Medellin », le nom semble familier aux oreilles, mais peut-être pas pour de bonnes raisons. On pense drogue, cartel de Medellin et son bandit le plus célèbre : Pablo Escobar. La série Narcos, diffusée sur Netflix, en a d’ailleurs fait la figure principale de cet endroit plutôt populaire. Or, même si l’exposition ne peut effacer cette histoire de violence, c’est une toute autre facette de la Colombie que les Abattoirs veulent nous présenter.
En effet, ce projet de grande envergure et à l’ambition réaliste nous invite à voir la Colombie avec des yeux tout neufs. Nous montrer que ce pays qui, comme le phénix qui renaît de ses cendres, abrite des artistes ingénieux et de grands talents.
Et c’est une quarantaine d’artistes réunis qui nous offrent cette vision inédite de leur pays.
L’art, une arme face à la violence
Le crédo de ces artistes : transcender l’horreur par la création. Sortir des carcans imposés par la terreur et s’exprimer librement et à travers un art contemporain.
Les œuvres sont diverses et s’étendent sur plus de 50 ans. Les supports sont eux aussi différents que ce soit peinture, installation, photographie, etc.
Le maître mot, l’inventivité pour réinventer le pays.
Passé, présent, futur : l’art de vivre ou de survivre
L’exposition est conçue comme une trilogie : les raisons d’un conflit armé sanglant, un pays ravagé par son histoire, et enfin la voie vers la paix et la réconciliation.
Dans la nef des Abattoirs, comme regard central, il est possible de contempler une œuvre originale et moderne. Il s’agit d’un mur perforé. Symbole d’un pays qui a connu des traumatismes mais qui tient toujours debout. La multitude d’œuvres et d’artistes exposés est un héritage colossal. On peut y croiser des toiles de Botero. Enfant de Medellin « et le plus colombiens des artistes colombiens », comme se plaisait-il à le dire.
Mais on découvre également le travail d’autres artistes, Carlos Correa, Benjamín de la Calle, Antonio Caro, Taller 4 Rojo, Adolfo Bernal, pour ne citer qu’eux.
Leur point commun est une vision personnelle de leur environnement qui s’est construit sur un lourd passé. Le résultat n’en est que plus poignant et engagé, en quelque sorte. On remarquera, par exemple, ce tableau d’Antonio Caro qui nous rappelle une célèbre enseigne américaine. Serait-ce une dénonciation de certains liens économiques américo-colombiens qui sont plutôt troubles ?
De même une installation montre un soldat qui se dévêtit rappelant que sous la carapace d’un soldat se cache un homme, un être humain fait de chair et de sang.
D’autres part, tout un pan de l’exposition est consacré aussi à la résistance des femmes qui ne sont pas les exclues du long conflit. Le travail, en autre, de Delcy Morelos, Clemencia Echeverri ou bien Libia Posada permet de reconstruire le présent malgré les douleurs de la violence. Sans oublier les cicatrices qui demeurent.
Cette exposition s’inscrit dans le cadre de l’année France-Colombie. Elle est formidable en ceci qu’elle nous régale par l’originalité des artistes colombiens. Ceci est possible grâce au partenariat de nombreux artistes, mais aussi grâce aux prêts uniques des collections du musée d’Antioquia à Medellin.
Enfin, il est bien de rappeler que cette exposition est une première en Europe, et qu’il serait donc dommage de passer à côté !
Sylvi V.
Informations pratique sur le site du Musée des Abattoirs
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