Pour son concert du 8 décembre, l’Orchestre national du Capitole, placé sous la direction de Tugan Sokhiev, reçoit le violoniste virtuose Vladimir Spivakov qui avait dirigé la formation symphonique toulousaine lors de la saison dernière. Le programme largement éclectique de cette soirée (Fauré, Berg et Rachmaninov) permettra de constater la grande diversité des musiques au tournant des XIXème et XXème siècles.
Né en 1944 à Oufa, capitale de la république de Bachkirie, en Russie, Vladimir Spivakov est à la fois violoniste virtuose, chef d’orchestre et directeur artistique du Festival international de Colmar. Après avoir étudié le violon au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou tout en suivant en auditeur libre l’enseignement de David Oïstrakh, il a remporté un grand nombre de prix internationaux. Les orchestres les plus renommés l’invitent en tant que soliste (Chicago, New York, Londres, Los Angeles, Philharmonique de Vienne, Concertgebouw d’Amsterdam, Philharmonique de Berlin) sous la baguette des plus grands chefs (Bernstein, Abbado, Giulini, Solti, Ozawa, Maazel etc.). En 1979, il fonde l’orchestre de chambre Les Virtuoses de Moscou avec lequel il parcourt le monde. Très investi dans la musique du XXème siècle, Vladimir Spivakov est membre de jurys de grands concours internationaux de violon (Montréal au Canada, Carl Flesh à Londres, Paganini à Gênes, Yehudi Menuhin et Jacques Thibaud à Paris), et aussi Président du Concours Sarasate. Succédant au grand violoniste Nathan Milstein, il assure depuis sept ans les master-classes de violon à Zurich. Le musicien donne chaque année plus de 100 concerts à travers le monde en tant que soliste, musicien de chambre, chef invité, ainsi qu’à la tête de ses deux orchestres (Orchestre philharmonique national de Russie, Les Virtuoses de Moscou).Vladimir Spivakov joue un magnifique Stradivarius Hrimali datant de 1712.
Il sera à Toulouse le soliste du mythique Concerto « A la mémoire d’un ange », pour violon et orchestre, d’Alban Berg. Composé en 1935, ce concerto fut créé à Barcelone après la mort du compositeur, le 19 avril 1936, avec Louis Krasner en soliste et Hermann Scherchen à la direction d’orchestre. La mort soudaine le 22 avril 1935 de Manon Gropius, fille d’Alma Mahler et du grand architecte Walter Gropius des suites d’une poliomyélite a profondément affecté Alban et Hélène Berg, amis proches d’Alma Mahler et de sa famille. Bouleversé par le décès de « Mutzi », cette jeune fille de 18 ans à peine, Alban Berg a donc décidé de donner à son concerto le caractère d’un requiem à sa mémoire, d’où son titre, et l’a conduit à composer une œuvre sensible et émouvante. Le concerto comporte deux parties symboliques, un Andante – Allegretto qui symboliserait la vie (l’enfance de Manon, sa grâce et sa joie de vivre), un Allegro – Adagio qui évoquerait la mort (l’irruption brutale du mal, sa progression et la délivrance finale).
Cette partition emblématique du mouvement musical de la Seconde Ecole de Vienne (Schoenberg, Berg, Webern) sera encadrée par deux pièces d’inspiration totalement différentes. La musique de scène « Pelléas et Mélisande » écrite en 1898 par Gabriel Fauré pour une représentation en langue anglaise à Londres de la pièce Pelléas et Mélisande de Maeterlinck ouvrira le concert. Fauré fut le premier des quatre grands compositeurs que la pièce de Maeterlinck a inspirés. Suivirent Debussy, Schoenberg et Sibelius.
La seconde partie sera consacrée aux brillantes Danses Symphoniques de Rachmaninov dont Tugan Sokhiev s’est fait l’un des grands propagateurs. Créée en 1941, cette partition pourrait être sa 4ème symphonie dans laquelle le langage toujours très lyrique se charge d’un modernisme nouveau.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Orchestre National du Capitole
Tugan Sokhiev (direction)
Vladimir Spivakov (violon)
Halle aux Grains
vendredi 08 décembre 2017 à 20h00