Mona Thomas publie, aux éditions Arléa, un roman intime qui magnifie Marie Dedieu, actrice et femme militante.
L’histoire d’une amitié engagée
C’est le roman d’une amitié, mieux d’une admiration. Celle de Mona Thomas pour Marie Dedieu. « La grande Marie » des jours heureux et lumineux comme la prénommait Truffaut. Marie qui aime rire, s’exclamer, s’engager pour des causes, qui aime vivre pleinement. Une héroïne en sommes au destin entre grandeur et décadence. Grandeur à l’heure des films de Truffaut, de la romance avec Paul Léautaud, des balades dans Paris et des discussions animées, et décadence enfin lors de l’accident qui la paralysera, et pour finir l’enlèvement brutal. Marie est partie à Lamu, au Kenya, se construire une maison de paix, au bord de l’eau, seul élément qui soulage son corps meurtri. Mais le bonheur se rompt, lorsqu’elle est enlevée – pour on ne sait toujours pas quel motif – par une bande de bandits. L’angoisse est totale. L’écriture est hachée pour raconter ce qui est inimaginable.
Puis le 19 octobre 2011 c’est la stupeur : Marie meurt. Et le cauchemar se poursuit avec le corps de Marie qui ne sera jamais remis aux siens. Marie ? Qu’est devenue Marie ? Voilà la question, la désolation de son amie qui cherche à recomposer ce qui a été mis en miettes. Le destin d’une femme dont le désir de vie continue d’habiter son amie, Mona Thomas.
L’écriture est intime et le regard de l’auteur bienveillant et chaleureux. Le roman est le témoignage de cette amitié qui a fluctué avec le temps. On y retrouve toute une époque, des discussions publiques autour des questions de la libération de la femme -on est en plein cœur d’une époque post mai-68 qui remet en question le statut du féminin- et des discussions, lettres ou mails privés ou les voix se mêlent, et où les sujets profonds et anodins disent toute l’estime d’une femme envers une autre.
Sylvie V.
L’Histoire de la grande Marie, Arléa (152 pages)