La nouvelle édition du festival Le neufneuf, organisée par la compagnie toulousaine Samuel Mathieu, met à l’honneur le mouvement. Que ce soit à travers la danse ou le cirque, l’interdisciplinarité est le maître-mot. Interview du directeur du festival, Samuel Mathieu.
Pour cette édition, vous avez choisi de croiser la danse avec d’autres disciplines. Comment vous est venue cette envie ?
Il y a quelques années j’ai mis en place un spectacle qui s’appelait C’est Tout… avec un circassien, Jonas Leclère, et une danseuse Fabienne Donnio. Nous avons travaillé autour des sangles et de la danse. C’était le premier projet qui rassemblait différentes disciplines. Notre souci était de casser les clivages entre la danse, le cirque et le théâtre. Aujourd’hui, nous avons envie de continuer dans la même lignée et d’ouvrir au maximum les possibilités.
Dans votre pièce « Guerre » que vous présentez au festival (le 12 novembre à Muret), vous faites de nouveau appel à des circassiens et à des danseurs. Y a-t-il des difficultés à mélanger la danse et le cirque ?
C’est toujours complexe. C’est comme si vous preniez deux personnes de pays étrangers. Ce sont deux corps, deux individualités, pourtant elles n’ont pas la même culture, pas la même façon de s’exprimer. Donc oui, ça a été difficile par certains aspects, notamment parce que le cirque demande une préparation différente de celle du danseur. Et puis ce travail exige une bienveillance entre les deux entités, sachant que les interprètes ont dû apprendre à manier l’agrès pour les uns, la danse pour les autres. Le défi était de les réunir sur un terrain commun, sans clivage.
Comment avez-vous choisi les artistes qui se produisent au festival cette année ? Aviez-vous des attentes précises ?
Il y avait un désir d’ouverture, de pluralité, un désir de montrer des compagnies que nous ne connaissons pas et d’autres que nous connaissons très bien. Un des objectifs du festival est de s’ouvrir au maximum aux jeunes compagnies. J’ai donc proposé à deux chorégraphes, Ambra Senatore et Christian Rizzo, de programmer de jeunes chorégraphes en seconde partie de leur spectacle, c’est à dire inverser la tendance pour mettre en valeur les jeunes.
Pour d’autres spectacles, je trouvais cela intéressant de montrer une autre esthétique. C’est le cas de la Compagnie Le Grand Jeté dont l’esthétique est complètement différente de la mienne. Notre volonté est aussi de diffuser des artistes régionaux. Nous accompagnons par exemple la prochaine création de Christophe Le Goff, Paradise (le 16 novembre, à Cugnaux).
Le festival a lieu hors de Toulouse, à Cugnaux, Muret, Peyssies et Rieux-Volvestre. Est-ce une volonté de votre part de le décentraliser ?
Tout à fait. Sur Toulouse il y a plusieurs grosses entités qui produisent de la danse. C’est très bien, mais nous manquons de structures dans la périphérie toulousaine, capables d’accueillir et de soutenir les artistes. L’idée était de rassembler ces communes pour créer une dynamique autour de la danse. Il y a donc sur ces trois lieux, à la fois de la diffusion, de la production et de la création. Par exemple, la Compagnie Le Grand Jeté a été en résidence pendant cinq jours à Muret dans la salle Alizé (L’Hypothèse de la Chute). La Compagnie Lucane, elle, est en résidence à Rieux-Volvestre (De la Cave au Grenier, le 10 novembre). Finalement, l’idée de cette « Plateforme » est de partager nos compétences et nos activités, en offrant d’autres terrains de jeu aux chorégraphes et en essayant de les soutenir au maximum.
Propos recueillis par Léa Guichou
Festival Le neufneuf, jusqu’au 19 novembre 2017.
La programmation complète est à retrouver ici.
photo 1 : © Pierre Ricci