À Toulouse, la saison des Grands Interprètes se poursuit avec la venue à la Halle aux Grains de deux phalanges européennes prestigieuses.
On attend le retour à Toulouse de l’Orchestre de chambre d’Europe, brillante phalange qui se produira à deux reprises cette saison à la Halle aux Grains, à l’invitation des Grands Interprètes. Avant de revenir au printemps, avec le chef québécois Yannick Nézet-Séguin, cette formation exemplaire est à l’affiche cet automne sous la direction du Néerlandais Jaap van Zweden. Le futur directeur musical du Philharmonique de New York dirigera la « Symphonie de chambre » de Dimitri Chostakovitch et la Cinquième symphonie de Ludwig van Beethoven. Ce concert met également au programme la « Sérénade » de Leonard Bernstein, œuvre créée en 1954 par Isaac Stern dont le violon est actuellement prêté à Renaud Capuçon (photo) qui en sera l’interprète pour le public toulousain. «Le violon est un vecteur exceptionnel, d’autant que le mien (un Guarnerius de 1737) est sublime et possède une sonorité boisée extrêmement chaleureuse»(1), prévient le musicien.
Pour écrire cette fameuse page concertante, le compositeur américain a puisé son inspiration dans « le Banquet », de Platon, où les philosophes débattent de l’amour. Elle est dédiée à la mémoire du compositeur et chef d’orchestre Serge Koussevitzky – professeur de Bernstein – et de sa femme Natalia. Naturalisé américain, mort à Boston en 1951, Koussevitzky fut le premier directeur musical de l’ère soviétique de l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, le plus ancien orchestre symphonique russe. Cette phalange est attendue à la Halle aux Grains avec son chef Yuri Temirkanov, qui en est le directeur musical depuis 1988. À l’époque, il succédait à Evgueni Mravinski qui avait pris ses fonctions cinquante ans plus tôt !
Yuri Temirkanov (photo) collabore aujourd’hui depuis cinquante ans avec cet orchestre, puisqu’il fut engagé en 1967 comme assistant de Mravinski. Ils interprèteront à Toulouse un programme exclusivement russe qui débutera par la suite symphonique tirée de « la Légende de la ville invisible de Kitège et de la demoiselle Fevronia », opéra de Nikolaï Rimski-Korsakov créé en 1907, inspiré de légendes russes et d’un conte d’Andersen. On entendra ensuite deux œuvres de Piotr Ilitch Tchaïkovski : le poème symphonique « Francesca da Rimini » créé en 1877, d’après Dante, et la célèbre Cinquième Symphonie composée onze ans plus tard.
Jérôme Gac
(1) Le Figaro (17/12/2016)
photo : R. Capuçon © Simon Fowler