Lola Pater, un film de Nadir Moknèche
Il en faut du courage pour aborder un thème pareil et il faut tout autant de talent pour le traiter avec cette bouleversante vérité de ton et cette infinie douceur. Le thème est celui des transgenres, à savoir les personnes qui changent de sexe. Pour en parler, le réalisateur nous met sur les pas de Zino (formidable Tewfik Jallab).
Ce jeune accordeur de piano enterre sa mère et part dans le Midi à la rencontre de Farid, son père dont il n’a plus de nouvelles depuis 25 ans. A l’adresse indiquée, il croise Lola, professeur de danse orientale qui lui déclare ne pas avoir connaissance de ce Farid. De retour à Paris, Zino va avoir la surprise de retrouver Lola. Elle lui donne rendez-vous dans son hôtel et lui annonce …qu’elle est son père. Choc majeur pour le jeune homme qui lui crache à la figure : Je ne sais pas ce qui me retient de vous casser la gueule.
Ces deux êtres sont-ils définitivement irréconciliables ? Nadir Moknèche nous livre ici un film intimiste loin de tout cliché et de toute démonstration pompeuse sur le calvaire des personnes osant changer de corps afin de vivre leur moi le plus profond. Il fallait une comédienne de l’envergure et de l’originalité de Fanny Ardant pour mener à bout une pareille entreprise. Sa Lola/Farid est ébouriffante de plénitude, de volonté, d’engagement. Une composition d’un pouvoir émotionnel renversant. L’une des pépites de cet été cinématographique.
Robert Pénavayre